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toi ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE;
«ie des chofes au deltus de la lune,toufiours fereim C'eft Baron Ôc Bara/ipw*,
qui rendent leurs fuppofts ainfi crottez & enfumez; ce n'eft
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pas elle, ils ne lacognoiffentquepar ouydire. Comment? elle fait j
eftat de fereiner les cempeftes de lame, ôc d'apprendre la faim & les \
fiebvresàfire: non par quelques Epicycles imaginaires) mais par raifons
naturelles ôc palpables. Elle a pour fon but, la Vertu : qui n'eft
J
pas, comme dit l'efchole, plantée à la tefte d'vn mont coupé, rabot- ^
teux &inacceiÏÏbl.e. Ceux qui l'ont approchée , la tiennent au re- ^
VertuJogéedans bours, logée dansvne belle plaine fertile ôc fleuriffante : d'où elle ,
"vneMefUme. y o l (\ bien fous foy toutes chofes ; mais li peut-on y arriuer, qui en
fçait l'addreife, par des routtes ombrageufes, gazonnées, Ôc doux-»
fleurantes, plaifamment, ôc d'vne pante facile ôc polie, comme eft
celle des voûtes celeftes* Pour n auoir hanté cette Vertu fupréme,
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belle,triomphante,amoureufe , delicieufe pareillement ôc coura- ^
Vertu,ennemie $au g eu
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j ennemie profeffe ôc irréconciliable d'aigreur, de defplaiiir,de ^
grcur&de def- crainte & de contrainte,ayant pour guide nature, fortune & volupté ^
plaifir. pour compagnes : ils font allez félon leur foiblefîe, feindre cette lotte
image, trifte, querelleufe, defpite, menaceufe, mineufe, ôc la placer
fur vn rocher à l'efeart, emmy des ronces : fantofme à eftonner |
les gens. Mon gouuerneur qui cognoift deuoir remplir la volonté '
de fon difciple, autant ou plus d'affection, que de reuerence enuers !
la Vertu,luy fçaura dire ; que les Poètes fuiuent les humeurs communes:^
luy faire toucher au doigt, que les Dieux ontmispluftoft la
fueur aux aduenuës des cabinets de Venus que de Pallas. Et quand il
commencerade fe fentir, luy prefentantBradamant ou Angélique,
pour maiftreffe à ioùir : ôc d'vne beauté naïfue,a6tiue,genereufe,non
liommaffe, mais virile, au prix d'vne beauté molle, affettée, délicate,
artificielle, l'vne traueftie en garçon, coiffée d'vn morion luifant,
l'autre veftuë en garce, coiffée d'vn attiffet emperlé; il iugera
maile fon amour mefme, s'il choifit tout diuerfement à cet efféminé
paftéur de Phrygie. Il luy fera cette nouuelle leçon, que le prix
Paix de la~)>raye & la hauteur delà vraye Vertu, eft en la facilité, vtilité &plaifir de
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fon exercice: fi efloigné de difficulté, que les enfans y peuuent com- t
me les hommes, les fimples comme les fubtils. Le règlement c'eft fon fc
outil, non pas la force. Socrates fon premier mignon, quitte à ef- tj
cien fa force, pour gliffer en lanaïfueté ôc aifance de Ion progrez. i
Vertu, merenourri- C'eft la mere nourrice des plaifirs humains. En les rendant iuftes, 4
ce des plaifirs hu- elle les rend feurs &purs. Les modérant, elle les tient en haleine ôc en ||,
mains. appétit. Retranchant ceux qu'ellerefufe, elle nous aiguife enuers \ {
ceux qu'elle nous laiffe : ôc nous laiffe abondamment tous ceux que ^
veu t nature : ôc iufques à la fatieté, finon iufques à la laffete ; maternellement:
fi d'aduenturenousne voulons dire, que le régime, qui L
arrefte le beuueur auant l'yureffe, le mangeur auant la crudité,lë pail- J
lard auant la pelade, foit ennemy de nos plaifirs. Si la fortune com- J
mune luy faut, elle luy cfchappe : ou elle s'en paffe, Ôc s'en, forge vne