r - Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

i 44 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE,
T)ejuir les volupté^ au prix de la 'vie.
CHAPITRE XXXII.
^IffiS^ ' A V o i s bien veu conuenir en cecy la plufpart des an-
Hmcitmmir, m/fi ciennes opinions : Qu^il eft heure de mourir lors qu'il
IPTTL fâmv Y a
P
m s
c m a
^
^ c
l
u e
^ c
^
t n a v m r c :
& ^
u c
de conferuer
noftre vie à noftre tourment ôc incommodité, c'eft
choquer les règles mefmes de Nature, comme difent ces vieux
enfeignemens :
CEUXQUÇ LAYIE OUTRA- KAAÏ» SFTCPLB OTI TD Hi* LF&L L
GE, ONT DE L'HONNEUR À „ ^ I y ~ »-) ?' ? ~ L
CHERCHER LA MORT. IL EFT KFÇICJM Tt /XI) QU> ÉÇλ, « QUI AFYXLCIC.
QUE /E"RIARE EAM[FCRE. Mais de pouffer le mefpris de la mort iufques à tel degré, que de l'em-
SWB.FER. US. ployer pour fe diftraire des honneurs, richeifes, grandeurs, & autres
BIENS DE FORTUNE faueurs & biens que nous appelions de la fortune -, comme fi la raifon
DCÏRTÀ
A U
n a u o
^ t
P as
aflezà faire à nous perfuader de les abandonner, fans y
adioufter cette nouucllc recharge ; ie ne l'auoisveu ny commander,
ny pratiquer iufques lors que ce paifage de Sencca me tomba entre
mains, auquel confeillant à Lucilius, perfonnage puilfant Se de
grande authorité autour de l'Empereur, de changer cette vie voluotueufe
ôc pompeufe,&de fe retirer de cette ambition du monde,
VIE FOLITAÎRE,PREFE* a quelque vie folitaire,tranquille ôc PhiIofophique;furquoy Lucilius
RÉE À U-YOLUPMEUFE aH c g u oi t quelques difficultcz : le fuis d'auis (dit-il) que tu quittes cet-
& POMPEULE. P . V 1
, * \ R • R • R • 11 • I r • 1 1 1
f
autre chofe à efperer : & les mauuais autre chofe à craindre, que les
fortunes ou infortunes de ce monde : il les manie Se applique félon
fa difpofition occulte: ôc nous ofte le moyen d'en fairefottement
noftre profit. Etfe mocquent ceux qui s'en veulent preualoir félon
l'humaine raifon. Ils n'en donnent iamais vne touche,qu'ils n'en
reçoiuent deux. Saind Auguftin en fait vne belle preuue fur fes aduerfaires.
C'eft vn conflic~t,qui fe décide par les armes de la mémoire,
plus que par celles de la raifon. Il fe faut contenter de la lumière qu'il
plaift au Soleil nous communiquer par fes rayons, & qui cllcuerafes
yeux pour en prendre vne plus grande dans fon corps mefme, qu'il
ne trouue pas eftrange,fî pour la peine de fon outrecuidance il y perd
SL^IETWESDC laveuc. Quis hominum potejljcire confilium Dcif aut quis poterit cogitare,
DIEU? QUI POURRA SI- QUID