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LIVRE SECOND. ru
ft iTionxîe leur règle, leur façon eftoit, à mcfuré qu'ils auoient atteint
certain âge, ouqu'ils fevoyoient menacez par quelque maladie -, de
fe faire dreifer vn bûcher, tk au deifus, vn lift bien paré, & après auoir
feftoyé ioyeufemcnt leurs amis tk cognoiiïans, s'aller planter dans
•ce lift, en telle refolution, que le feu y eftant mis, on ne les vift mouuoir,
ny pieds ny mains : tk ainfi mourut l'vn d'eux, Calanus, en prefence
de toute l'armée d'Alexandre le Grand : Et n'eftoit eftimé entre
eux,ny fainft ny bicn-heureux,qui ne s'eftoit ainfi tué : enuoyant
fon ame purgée tk purifiée parle feu, après auoir confommé tout ce
qu'il y auoit de mortel tk terreftre. Cette confiante préméditation
de toute la vie, c'eft ce qui fait le miracle. Parmy nos autres difputes,
celle du Fatum, s'y eft méfiée : tk pour attacher les chofes à venir, tk Neceptédes chofes
noftre volonté mefme, à certaine & incuitable necefiité,on eft en- *^ e
»'rfejhbliepar corefur cet argument du temps palfé: Puis que Dieu preuoidtou-
tes chofes deuoir ainfi aduenir, comme il fait,fans doute ; il faut donc
qu'elles aduiennent ainfi. A quoy nos maiftres refpondent,que le
voir que quelque chofe aduienne, comme nous failons,& Dieu de
mefme ( car tout luy eftant prefent, il void pluftoft qu'il ne preuoid )
cz n'eft pas la forcer d'aduenirivoire nous voyons,à caufe que les
chofes aduiennent, & les chofes n'aduiennent pas, à caufe que nous
voyons. L'aduenementfaitlafcience,nonlafcicnccl'aduenemcnt. Cm
Ce que nous voyons aduenir, adulent: mais il pouuoit autrement men
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de Dieu, coûtes
aduenir : & Dieu, au regiitre des caules des aduenemens qu il a en la f ortuttes ^ -y 0! onprefeience,
y a auffi celles qu'on appelle fortuites, & les volontaires, taires,
qui dépendent delà liberté qu'il adonné à noftre arbitrage, 6V: fçait
que nous faudrons, parce que nous aurons voulu faillir. Or i'ay veu
affez de gens encourager leurs troupes de cette neceffité fatale : car il
noftre heure eft attachée à certain poinft,ny les harquebufades ennemies,
ny noftre hardieffe,ny noftre fuite tk coiiardife, ne la peuuent
auancer ou reculer. Cela eft beau à dire,mais cherchez qui l'effectuera
: ck s'il eft ainfi, qu'vne forte & viue créance, tire après foy les
actions de mefme ; certes cette foy, dequoy nous nous remphffons
tant la bouche, eft merueilleufement légère en nos fiecles : linon que
lc mefpris qu'elle a des oeuures, luy face defdaigner leur compagnie.
Tant y a, qu'à ce mefme propos, le fire de Ioinuille,tef moin croyable
autant que tout autre, nous raconte des Bedoins, nation méfiée aux
Sarrafins, aufquels le Roy fainct Louis eut affaire enlaterre-fainfte; Ioursd'yn chacun
qu'ils croy oient fi fermement en leur religion les iours d'vn chacun P re
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eftre de toute éternité prefix tk comptez, d'vne preordonnace ineui- / r
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