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Cette inégalité dans le partage <strong>du</strong> patrimoine familial en faveur des garçons n'est pas<br />

nouvelle et s' inscrit dans les traditions successorales de la société paysanne. Toutefois, il semble<br />

que la commercialisation poussée des pro<strong>du</strong>ctions « féminines » comme le beurre rend cette<br />

inégalité entre frères et sœurs bien tangible, puisque les frères repartent avec le fruit <strong>du</strong> travail de<br />

leurs sœurs. Nous ne saurons vraisemblablement jamais comment les filles de la famille ont vécu<br />

et perçu cette inégalité dans le partage <strong>du</strong> patrimoine familial. Elles en ont probablement fait peu<br />

de cas, se soumettant avec l'obéissance atten<strong>du</strong>e des filles <strong>à</strong> cette tradition paysanne.<br />

La donation que Jean Morisset reçoit de ses parents Jean et Olympe Morin comprend la terre<br />

familiale de 90 arpents, avec maison, étable, grange et dépendances, des animaux dont 6 vaches,<br />

une paire de bœufs de 6 ans, 6 mères moutonnes, 6 poules et un coq, un cheval de 4 ans, ainsi<br />

qu' un imposant roulant de ferme. L' acte de donation fait mention que Jean doit payer <strong>à</strong> sa sœur<br />

Marie 100 $. (Pièce 2075, 7 mars 1874, notaire Louis-Napoléon Carrier). L' autre frère de Jean,<br />

Théo<strong>du</strong>le, reçoit en donation la terre voisine, avec une maison et tout son roulant de ferme sans<br />

qu'on indique quoi que ce soit pour les sœurs. (Pièce 5351, 10 mai 1877, notaire François<br />

Bourget). Ici, on peut comprendre que les sœurs de Jean et de Théo<strong>du</strong>le reçoivent bien peu<br />

comparativement <strong>à</strong> leurs frères. Adéline, qui n'est pas mentionnée dans les actes de donation, est<br />

mariée depuis 1865. Ses parents avaient inséré dans son contrat de mariage une liste de biens<br />

qu'elle apportait avec elle. On peut comprendre qu'Adéline était bien dotée avec: « un lit garni<br />

complet, une courte pointe, une paire de draps de flanelle, une douzaine assiettes, des couteaux et<br />

fourchettes, deux nappes, une demi-douzaine d'essuie-mains, une demi-douzaine d'oreillers, un<br />

fer <strong>à</strong> repasser, une demi-douzaine de bols <strong>à</strong> lait, une demi-douzaine de bols <strong>à</strong> thé et soucoupes, un<br />

pot <strong>à</strong> lait, une vache, une mère au choix [au choix ayant été raturé], une mère moutonne, un rouet,<br />

un cochon et six poules ».(Pièce 2879, 20 février 1865, notaire François Bourget). Encore une<br />

fois, l'écart entre ce que reçoivent les frères et leurs sœurs est plutôt important. Une situation<br />

similaire est retrouvée chez les Brouard de Saint-Henri-de-Lévis, leur garçon Adélard reçoit en<br />

donation la terre des parents et tout son roulant de ferme sans mention de compensation future<br />

pour les filles. Sa sœur, Zorilla, mariée deux années plus tôt en 1880, n' apporte qu' une<br />

commode, un coffre et des hardes. (Pièce 5993, 18 juillet 1880 et pièce 6841 , 22 octobre 1882,<br />

notaire François Bourget). Dans leur donation <strong>à</strong> leur fils Honoré, les parents Magloire Girard et<br />

Luce Létourneau demandent au donataire de payer <strong>à</strong> son frère Célestin déj<strong>à</strong> établi, 400 $, <strong>à</strong><br />

Joséphine et Marie (ses sœurs) 200 $ chacune, soit deux fois moins. (Pièce 2933, 21 décembre<br />

1881 , notaire Désiré Larue).<br />

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