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famille n'ont plus le temps de faire sans négliger leurs jeunes enfants, elle avouera peut-être<br />

que la fabrique ( ... ) est une bénédiction pour 999 cultivateurs sur 1000 ( ... )84 ».<br />

On retrouve donc d'autres enjeux derrière la question de la pro<strong>du</strong>ction domestique, soit<br />

celui <strong>du</strong> rôle des femmes dans la famille rurale. Selon l'argument cité plus haut, la pro<strong>du</strong>ction<br />

domestique destinée au marché amène les fermières <strong>à</strong> négliger leurs enfants et entre ainsi en<br />

conflit avec leur rôle maternel. Cette rhétorique sur la primauté <strong>du</strong> rôle é<strong>du</strong>catif des mères et des<br />

soins qu'elles doivent prodiguer <strong>à</strong> leurs enfants est nouvelle dans la presse agricole. Cette<br />

dernière n'a jamais réellement abordé cette dimension sociale et culturelle de la vie des femmes<br />

rurales. Le travail des fermières des XVIIIe et XI Xe siècles a toujours impliqué de très longues<br />

heures sans que l'élite agricole s'inquiète pour autant de son impact sur les soins aux enfants. Cet<br />

intérêt soudain pour leur rôle « maternel » et le recours au vocable de « mères » pour désigner les<br />

fermières n'est pas banal et laisse voir que l'on cherche <strong>à</strong> les amener <strong>à</strong> renoncer <strong>à</strong> leur rôle<br />

pro<strong>du</strong>ctif pour se consacrer davantage aux soins de la famille. La valeur commerciale de la<br />

pro<strong>du</strong>ction domestique suscite donc des malaises. Les rédacteurs <strong>du</strong> Journal d 'Agriculture<br />

suggèrent finalement aux cultivateurs et <strong>à</strong> leurs familles de voir les fabriques comme une<br />

« bénédiction» économique, et même sociale puisqu'elles permettent aux fermières de mieux se<br />

consacrer <strong>à</strong> leur rôle de « mère ».<br />

Des fermières, comme « Alphonsine », vont résister et persister quelques décennies dans<br />

ce marché qui les désavantage. En cette fin <strong>du</strong> XI Xe siècle, il est plutôt rare d'entendre les<br />

opinions des femmes dans l'espace public. Celles qui les expriment appartiennent habituellement<br />

84 JA, vol 5, nO 7, 1882, p. 99.<br />

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