LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

102 IOAnA FEODOROV
prince de la Moldavie Dimitrie Cantemir, Divanul sau gîlceava înţeleptului
cu lumea sau giudeţul sufletului cu trupul (« le Divan, ou la querelle du
sage avec le monde, ou la dispute entre l’âme et le corps ») (Le Divan, par
la suite). en emportant le Divan de Cantemir en 1704, lors de son départ
pour chypre où il avait été nommé archevêque, dabbās a traduit en arabe
toute la version grecque. Il précisait dans sa version du livre qu’il n’en
était pas l’auteur, mais le traducteur. le nom de Cantemir manque dans
le texte arabe, ainsi que toute référence à l’auteur. 2 Athanase a aussi ôté
de la version arabe les trois préambules insérés par Cantemir : la Lettre
dédicatoire adressée à son frère Antioh, prince de la Moldavie (1695–1700
et 1705–1707), pour lui exprimer son amour fraternel et sa considération ;
sa Lettre au lecteur, voulant l’inciter à consulter son livre, dans la bonne
tradition des écrivains humanistes ; enfin, la lettre élogieuse dont l’érudit
Jérémie Cacavela, son ancien pédagogue, accompagna sa propre traduction
en grec, effectuée à la demande de Cantemir.
le Préambule du Divan (fol. 1 v -2 v du ms. Arabe 6165 de la Bibliothèque
nationale de France, paris) offre, par le style et le contenu idéatique, des
détails importants pour l’interprétation des circonstances qui ont gouverné
ce singulier transfert littéraire, ainsi que des intentions du traducteur à
propos de la diffusion de son oeuvre 3 . Il paraît avoir été écrit en partie par
Ğibrā’īl (Gabriel) Farḥāt 4 , auquel le patriarche Athanase avait demandé de
faire une révision d’ordre formel et stylistique, en tant que maître reconnu
de la langue arabe. toutefois, comme dans la deuxième moitié le discours
passe de la III e personne à la I e , une partie du préambule, au moins, paraît
avoir été composée par dabbās.
le préambule débute par une basmala (louange à Dieu) 5 :
2 Avant l’identification de son véritable auteur en 1970 par l’érudit roumain Virgil
CânDeA, on croyait que le texte avait été écrit soit par Saint Basile le Grand, soit par le
patriarche Athanase lui-même.
3 la première traduction complète du Préambule, en anglais, se trouve aux pages
87-88 du volume: Dimitrie CAnteMIr, The Salvation of the Wise Man and the Ruin of
the Sinful World (Ṣalāḥ al-ḥakīm wa-fasād al-‘ālam al-damīm), édition du texte arabe,
traduction anglaise, note de l’éditeur, notes et index par Ioana Feodorov, Introduction et
commentaires par Virgil Cândea, éditions de l’Académie roumaine, Bucarest, 2006.
4 Moine Maronite élu évêque d’Alep en 1725, nommé Germānūs. Pour sa
biographie et ses travaux, voir Joseph FéGhAlI, Germānos Farḥāt, Archevêque d’Alep
et arabisant (1670–1732), dans « Melto. recherches orientales », université Saint-esprit,
Kaslik – jounieh, ii, no. 1/1966, p. 115-129 ; Nahhād razzūq, Germānūs Farḥāt - ḥayātuhu
wa-’ātāru-hu, Kaslik, 1998.
5 la traduction qui suit reprend une partie des notes que j’ai attachées à ce fragment
dans la traduction anglaise publiée en 2006.