LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

Les Phanariotes et l’Aube des Lumières... 341
Alexandre va se parer du titre inédit de « ejx ajporjrJhvtwn », probablement
une traduction archaïsante du latin « à secretis », c’est-à-dire « secretarius »,
au sens de « initié aux secrets » 8 . le succès de son enseignement, comme
celui de Corydalée, se manifeste par le nombre de manuscrits, dont certains
encore inédits, de ce prolifique auteur. parmi ses travaux, on publia de
lui une Histoire Sainte à Bucarest en 1716. plus tard, au xIxe siècle, des
éditeurs mettront à la disposition du public un épistolaire, et un volume
de Frontivsmata, pensées ou réflexions, selon qu’on y discerne plutôt
l’influence de pascal ou de la rochefoucauld 9 . Cependant Alexandre
marque à son tour les débuts de l’Aube des lumières néo-helléniques par
la publication d’une thèse de doctorat révolutionnaire pour l’époque sur la
circulation du sang et la fonction des poumons. édité d’abord à Bologne en
1664, l’opuscule en latin est réédité à Francfort l’année suivante et à leipzig
en 1682. le jeune iatrophilosophe cite à ce propos Aristote et Galien, mais
il se fonde davantage sur la théorie de William harvey, énoncée quelques
années plus tôt, en 1628. 10 C’est l’empirisme scientifique qui fait alors
son apparition chez les Grecs. l’exaporrite mourut le 23 décembre 1709,
ancien style, donc le 3 janvier 1710, une année charnière dans l’histoire de
l’hellénisme, comme nous allons le voir.
pendant la trentaine d’années qui précède cette date symbolique de 1710,
l’église constitue un pouvoir incontestable, qui agit dans deux directions.
4438, s.v. mahrem. la mélecture « muharremi » (interdit, défendu) s’explique par la graphie
identique des deux mots non-vocalisés en turc ottoman [MhrM] : l’erreur se trouve au
départ dans le manuscrit latin de Cantemir ; voir Incrementorum et decrementorum aulae
Othmannicae Libri tres, Bucarest, roza vânturilor, 1999, p. 936-937. le lapsus calami
passe dans la traduction anglaise de n. tindal : voir Dimitrie Cantemir, The History of the
growth and d ecay of the Othman empire, londres, Knapton, 1735, vol. II, p. 357-358.
par la suite les traductions française et allemande de l’histoire de Cantemir diffusent la
méprise. Voir J. Bouchard, « l’exaporrite Alexandre Mavrocordatos mahremi esrar », à
paraître dans Ο Ερανιστής, Athènes.
8 on trouve chez Procope l’expression ὁ ἐπὶ τῶν ἀποῤῥήτων γραμματεύς.
9 C.th. DIMArAS, La Grèce au temps des Lumières, Genève, Droz, 1969, p.
19-25. Voir aussi J. BouChArD, « la réception des ‘Maximes’ de la rochefoucauld
chez les Grecs au xVIII e siècle – l’œuvre des Mavrocordatos », Praktikav A v Dieqnouv~
Sunedrivou Sugkritikhv~ Grammatologiva~ 28 Noembrivou – 1 Dekembrivou 1991,
Athènes, Domos, 1995, p. 169-180.
10 Voir la réédition récente : A. MAuroCorDAto, Pneumaticum instrumentum
circulandi sanguinis sive De motu et usu pulmonum, éd. l. Guerrieri, Florence, olschki,
1965. Aussi MAVroKorDAtoS, A., Anapneustikovn ojrganon th~ kukloforiva~ tou
aivmato~ hvtoi periv kinhvsew~ kai creiva~ twn pneumovnown, introduction et index
de D. Ap. KArAMperopouloS, trad. grecque de St. pApApolyChronIou,
Athènes, Ath. Stamoulis, 2010.