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LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

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Le Bas Danube – frontière réelle ou symbolique ? 599<br />

pas déterminé un changement officiel de la frontière du Saint-empire.<br />

les frontières linguistiques sont les plus stables. elles sont aussi<br />

les seules qui correspondent aux réalités objectives. elles s’estompent<br />

partiellement avec le temps (voire l’Alsace et la lorraine), comme bien<br />

d’autres repères crus immuables, dans les bouleversements polyvalents<br />

du présent. un exemple de pérennité en ce domaine offre la frontière<br />

linguistique entre l’allemand et le français romand en Suisse, ligne qui<br />

sépare entre autres la ville de Fribourg en deux, sans porter préjudice pour<br />

cela à son unité politique depuis des siècles.<br />

le Bas Danube comme frontière pose de questions nombreuses et<br />

complexes. Car d’une période à l’autre la ligne de ce fleuve a changé non<br />

tellement ses fonctions, mais leurs intensité. Comme frontière politique (je<br />

vais considérer ce thème seulement dans le second millénaire) les derniers<br />

cinq cent kilomètres du fleuve ont séparé la Valachie de l’empire ottoman<br />

proprement-dit, jusqu’en 1878–1881 quand le fleuve est devenu une<br />

frontière moderne entre deux états souverains. Auparavant la frontière de<br />

nord de l’empire ottoman passait par le nord de la Moldavie, touchant en<br />

Crimée la Mer noire. Donc le Bas Danube marquait une espèce de frontière<br />

d’importance secondaire entre deux ou plusieurs provinces de cet empire<br />

aux structures complexes. Comme frontière politique le Bas Danube n’a pas<br />

empêché le transit commercial tout comme il n’a pas arrêté des opérations<br />

militaires. Il a favorisé comme fleuve le transport, mais là aussi il n’a pas<br />

été indispensable au commerce. Comme voie entre l’europe Centrale et<br />

l’est c’est plutôt le Danube de Vienne jusqu’à Belgrade que les voyageurs<br />

ont préféré. Je voudrais rappeler que les croisés de la première Croisade<br />

ont quitté à Belgrade le fleuve pour se diriger vers Constantinople. C’est<br />

sur ce Bas Danube qu’en 1396 à nicopolis ad Istrum les armées turques<br />

remportèrent la victoire contre les chrétiens croisés et firent des prisonniers<br />

illustres comme entre autres Jean de nevers, héritier de la duché de<br />

Bourgogne. les garnisons turques sur le Bas Danube témoignent d’une<br />

certaine incertitude de la porte concernant les principautés roumaines, car<br />

on ne garnit pas de points militaires l’intérieur d’un état. en occurrence<br />

la Militärgrenze organisée par les impériaux contre les turcs parle d’une<br />

autre conception de frontière que l’on avait à Vienne.<br />

le Bas Danube a séparé des espaces linguistiques, état qui dure dans<br />

le présent. Sans avoir de grandes villes qui auraient hébergé des centres<br />

culturels, le fleuve n’a pas empêché le transfert culturel. les moines et<br />

les hiérarques de l’église grecque passaient souvent le Danube en venant<br />

des lieux Saints, de Constantinople, de Sinaï, d’Athos ou de Météore<br />

pour se rendre à Bucarest, Iassy ou Moscou dans les deux sens. les routes

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