LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

356 ADRIAn GEORGE DUMITRU
quelles raisons, on l’ignore. Mais on pourrait se demander s’il ne s’agissait
pas justement d’unités composées des thraces (car un recrutement sur place
a dû avoir lieu, vu que la nouvelle satrapie de la thrace avec sa capitale,
lysimacheia, était censée devenir le centre d’une nouvelle vice-royauté,
que le roi voulait confier à a son fils, Séleucos 17 ). le roi Antiochos a mené
trois longues campagnes dans la région, entre 197 et 195 18 . Son monnayage
à lysimacheia n’est pas très important, on l’a vu 19 , ce qui implique qu’il
n’a pas dû avoir un contingent trop important avec lui, et nous pouvons
conjecturer en toute sécurité qu’il a eu tout intérêt à faire grossir les effectifs
de son armée avec des thraces. S’est-il souvenu du stratagème dont son
grand-père avait dû se servir jadis ? on l’ignore. Ses campagnes dans la
thrace ont certainement eu comme adversaires des tribus thraces et (peutêtre)
des Celtes, donc des bonnes opportunités de recruter des mercenaires.
le seul indice (très maigre, il est vrai) dont nous disposons pour déduire
que quelques tribus thraces ont pu être amies avec le roi séleucide est donné
par la mésaventure du proconsul Manlius Vulso et de son armée, lors du
retour de l’Asie Mineure, après les victoires remportées contre les Galates.
Chargés de butin, les romains ont été attaqués par les thraces qui sont
parvenus à leur en enlever une partie. Mais, c’est peut-être davantage à
cause de l’appât du butin que par amitié avec le roi Antiochos III que les
thraces ont attaqué les troupes de Manlius Vulso.
une autre manière de voir les choses serait de considérer que les
thraces n’ont pas voulu de l’amitié et de l’alliance (même si elle était bien
rémunérée) du roi Antiochos qu’ils ont combattu pour ne pas renoncer de
bon gré à combler le vide de puissance laissé par les disparitions successives
des puissances de Celtes, des lagides et des Antigonides dans la région de
la thrace et des Détroits.
les thraces font donc étrangement figure d’absents à la bataille de
Magnésie, et il est difficile de déterminer s’il y a eu des recrutements
des mercenaires pour l’armée séleucide ou si les thraces se sont opposés
farouchement à la pression d’Antiochos III (et ensuite, au passage de
l’armée romaine par leur territoire).
la défaite d’Antiochos III à la bataille de Magnésie et le traité de
17 pol. xVIII 50, 8; t.l. xxxIII 40, 6; App. Syr. 1; 3; GrAInGer J.D., A
Seleukid Prosopography and Gazetteer, leiden – new york – Köln, 1997, p. 747, s.v.
lysimacheia.
18 GrAiNGEr j.d., „Antiochus iii in Thrace”, historia XlV (1996), pp. 336-340;
GrAInGer J.D., The Roman War of Antiochos the Great, leiden & Boston, 2002, pp.
67-71, 81-3.
19 Voir supra, n. 6.