LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

360 ADRIAn GEORGE DUMITRU
le recrutement de mercenaires dans les îles grecques, quoique défendu
par le traité d’Apamée, a également dû continuer, car l’armée de lysias,
qui opérait en Judée contre les rebelles, disposait des telles troupes 29 .
pour ce qui est des mercenaires thraces, il faudrait encore ajouter un autre
argument : Antiochos IV était arrivé au pouvoir avec l’appui du roi de
pergame, eumène II, en gardant ensuite de relations amicales avec ce roi 30 .
C’était justement le royaume de pergame qui contrôlait la région de la
thrace hellespontique à ce moment, ce qui aurait pu faciliter l’activité des
agents recruteurs des Séleucides.
pour conclure sur ce sujet, exclure l’hypothèse du recrutement des
mercenaires thraces pour la raison rigide que la paix d’Apamée aurait dû
l’interdire serait négliger tout un chapitre des activités des rois séleucides
et appliquer un chablon très étroit sur une réalité qui s’avère bien plus
complexe qu’on ne le croyait.
on ne saurait pas cependant écarter l’hypothèse de la colonisation des
thraces dans diverses régions de l’empire séleucide, surtout près des places
fortifiées qui devaient exiger la présence permanente des soldats royaux. on
n’a, il est vrai, aucune preuve que cette colonisation a effectivement existé,
mais on sait que c’était une des pratiques des Séleucides, dont l’exemple
le plus connu serait la lettre d’Antiochos III au vice-roi de l’Asie Mineure,
zeuxis, pour arranger la colonisation des Juifs en Asie Mineure, qui nous a
été transmise par Flavius Josèphe 31 . où et comment des thraces ont pu être
installés comme colons militaires, on l’ignore, pour l’instant.
la dernière mention sûre des thraces dans l’armée royale séleucide est
très proche de la parade de Daphné. pendant la bataille de Marissa (163 av.
J.C.) 32 , entre le général séleucide Gorgias et les forces des rebelles juifs.
de vrais éléphants afin d’habituer ses hommes et ses chevaux à leur présence, « fit faire par
des ouvriers des figures de bois, auxquelles on donna la forme et la couleur des éléphants ».
la ruse était nécessaire car il était « informé que les romains amenaient des éléphants,
les uns venus de lybie, les autres qui étaient des Indes, que leur avait envoyés Antiochus,
roi de Syrie ». tite live, xlV, 13, 3 nous dit cependant que le roi Antiochos IV n’avait
contribué en rien à la troisième guerre de Macédoine.
29 I Mac. 6, 29, mais aussi chez JoS., Ant. Jud. xII, 7,2.
30 o.G.I.S. 248; pol. xxx, 30, 4-7; App. Syr. 45; Gruen e.S., The Hellenistic
World and the Coming of Rome, Berkeley1984, pp. 417 n. 106, 556.
31 JoS., Ant. Jud. xII, 147-152. pour la littérature secondaire, voir, par exemple
Cohen G.M., The Seleucid Colonies. Studies in Founding; Administration and
Organization, Wiesbaden 1978, pp. 5-8.
32 BeVenot h., Die Beiden Makkabäerbücher, Bonn 1931, pp. 231 sq.; BunGe
J.G., Untersuchungen zum zweiten Makkabäerbuch. Quellenkritische, literarische,