LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

116 Victor GhilaŞ
de cette évolution, la musique a toujours gardé sa place. Dans l’Histoire de
l’Empire ottoman, Cantemir nous livre les détails :
le prince de la Moldavie, après la cérémonie de la robe que la Grand
Vizir lui met en signe de puissance, est conduit par le Divan entier,
suivi des acclamations des chauschi, vers l’église patriarchale, où le
patriarche accompagne de son clerge et des nobles d’entre les grecs,
attend le prince pour le sacrer. Il descend de cheval dans la cour de
l’église, se plaçant sur un pierre quarrée qui est mise à cette occasion […]
tandis que les chautschi font retenir l’ais de leurs acclamations, répétant
selon la coutume à haute voix : „Veuille dieuTout-Puissant accorder
une longue vie à l’empereur, et à notre prince effendi, que ses jours se
passent en prosperité”. Ce mot effendi est apparement une corruption
du grec αυ̉θεντής. Toute cette noble compagnie fail l’honneur au Prince
d’attendre dans la cour et dans la rue jusqu’à ce qu’il sorte de l’eglise.
devant la porte, la musique exécute l’hymne α̉ξιον ̉ςί, composé à
l’honneur de la Ste. Vierge, à la fin duquel le prince s’assoit sur le
trône. Ensuite le diacre récite les collectes, τάς ̉έκτενας, apportant
des louanges et des vœux au nouveau Prince en ces termes : „Nous
prions aussi pour très pieux, et très excellent, le Sérénissime prince n.
puisse-t’il être couronné de force et de victoires; que la paix affermisse
son regne, que Dieu notre Seigneur lui serve de guide en toutes ses
actions, qu’il répande sur lui ses graces, et mette ses ennemis sous ses
pieds […]” le patriarche ensuite revêtu de ses ornamens potificaux
monte à l’autel accompagné de quatre Métropolitains ou même plus :
le prince entre aussi dans l’enceinte sacrée et s’approchant de l’autel,
le patriarche lui fait le signe de la croix au visage avec les deux mains,
puis le prince pose sa tête sur la tabe sacrée et le patriarche la lui couvre
de l’Homopher et ayant récité les prieres qui étoient employées au sacre
des empereurs Chrétiens, il lui fait au front l’onction de l’huile sainte.
Cette cérémonie finie, le prince retorune à son trône et la musique chante
ce Polychronion, ou Voeu, pur sa santé. „Accorde, ô seigneur dieu,
une longue vie à très pieux et très excellent, le Sérénissime Seigneur n.
prince de toute la Moldovlaquie, conserve-le Seigneur, pendant longues
années.” le patriarche quitte l’autel et s’approche du trône, et ayant
commandé le silence, il fait un petit sermon au prince, qu’il finit par le
même Voeu au Polychronion, prononcé par lui-même. 13
13 Démétrius CAnteMIr, Histoire de l'Empire othoman, où se voyent les
causes de son agrandissement et de sa décadence... traduite en françois par M. De
JonCquIèreS, vol. II, paris, nyon fils, 1743, p. 375-377.