LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

cantemir et le scénario moderne de la métaphysique 39
sur la providence, sur le temps et l’éternité, sur la vie universelle et la
quadruple forme des choses existantes.
Dans le xI e chapitre du II e livre, par exemple, où l’on parle des
événements qui ont eu lieu le troisième jour de la création, il utilise le
terme de archeus, pour expliquer, dans d’autres termes que ceux de la
philosophie aristotélique, la naissance de certaines formes, des genres
et des espèces. précédemment, il avait évoqué l’apparition du « vide,
nécessaire dans la nature », grâce à la force créatrice divine 60 . C’est
ainsi que deviennent possibles le mouvement naturel de chaque créature
et le mouvement naturel du tout, selon ses lois, aussi le mouvement de
l’air, de l’eau, les émanations de la terre, etc. la même force créatrice,
divine, glorifie la qualité d’une substance indéfinie, devenue ferment qui,
dispersé dans la « terre vierge », germe. Archeus est en réalité « l’artisan
des espèces, le moteur et le diffuseur des graines », « situé au cœur de la
graine », pour le monde végétal ainsi que pour le règne animal. C’est lui qui
transforme l’eau élémentaire « en substances solides, réelles, concrètes et
plus particulièrement végétales, c’est-à-dire en espèces, figures et formes
d’herbes, de bois et de métaux ». une fois crées, les genres et les espèces
« commencent la rotation conformément au temps déterminé par leur
propre mouvement 61 ». D’autres termes repris de la nouvelle philosophie
de la nature – par exemple, blas, fermentum, aether – sont utilisés dans la
description de la cosmogonie d’inspiration biblique. D’ailleurs Cantemir
affirmait, dans Laudă către învăţător (Éloge au maître), qu’il considérait
le savant flamand comme un philosophe qui parle « selon l’éclairage et les
normes de la vérité, telles qu’elles ont été établies pendant les six jours de la
création divine ». Van helmont apparaît à ses yeux comme un philosophe
novateur et fidèle à l’interprétation chrétienne à la fois.
en même temps, Cantemir est visiblement attiré par l’interprétation
symbolique – ou spirituelle, comme il la désigne souvent – des phénomènes
de la nature. Ceux-ci sont continuellement rapportés à l’ordre divin, et en
dernière instance à l’événement de la chute dans le péché originel et de la
possibilité du salut de l’homme. Cantemir ressent le besoin d’accompagner
la lecture littérale par une lecture spirituelle. Cette chose est expliquée,
par exemple, dans le II e livre de sa Métaphysique, notamment dans les
chapitres xxxI, xxxII et xxxIII. Au début du xxxI chapitre, il écrit :
« la science sacrée nous enseigne que lorsqu’on lit à la lettre qu’Adam a
été tué, il faut comprendre d’un point de vue spirituel, qu’il a été ressuscité,
et quand nous entendons que le diable a trompé Adam par mensonge,
60 Dimitrie CAnteMIr, Metafizica, p. 71-72.
61 Ibidem, p. 73-74. Cf. aussi petru VAIDA, op. cit., p. 80.