LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

346 JacQueS Bouchard
Ghikas, Mourouzis, mais aussi des familles autochtones, les racoviţă,
Callimachi, favorisent l’enseignement, développent l’imprimerie et le
commerce, intensifient leurs relations avec les pays occidentaux. Il importe
de souligner qu’à une époque où la Grèce proprement dite ne disposait pas
d’imprimeries, de nombreux ouvrages ont été publiés sur les presses des
principautés roumaines, en grec et dans d’autres langues.
le clergé grec ou hellénophone a joué un rôle important dans la diffusion
des lumières naissantes. qu’on songe à eugène Voulgaris, originaire
de Corfou, qui a enseigné à l’Académie Athonite, puis à l’Académie du
phanar, qui le premier a traduit Voltaire en grec, qui a publié un manuel de
logique où les modernes côtoient les anciens, qui a laissé de nombreuses
traductions toujours inédites d’ouvrages scientifiques de l’époque. Certes
vers la fin de sa vie, une fois devenu évêque en russie, il désavoue ses
choix antérieurs, et traite Voltaire d’impie. 28
Qu’on pense à joseph Moesiodax, né à cernavodă, dans la dobroudja
roumaine, qui traduit la Philosophie Morale de l’abbé Muratori, enseigne
dans les principautés danubiennes, est traqué pour ses idées modernistes
et raconte ses espoirs et ses déboires dans sa fameuse Apologie, publiée
en 1780 : il s’agit là du premier texte grec littéraire qui appartient sans
équivoque aux lumières néo-helléniques. 29
l’événement qui marque le passage de l’Aube des lumières aux
lumières proprement dites chez les Grecs est la publication par le phanariote
Alexandre hypsilantis, voïvode de hongrovalachie, d’un code de lois en
grec et en roumain, intitulé Suntagmavtion Nomikovn. l’ouvrage est publié
à Bucarest en 1780. le législateur dans la préface utilise la métaphore de la
lumière pour parler de la nécessité des lois pour un état ; en grec : « o{son
crhv/zei tou` fwto;~ e{na~, oJpou` ejn skovtei diaporeuvetai... tovson ei\
nai tw`n w|n oujk a[neu kai; oiJ novmoi eij~ mivan politeivan... », et en
roumain « ... cu cît are trebuinţă de lumină unul ce umblă întru întunearec...
atît sînt de trebuincioase şi pravilile la o politie... », 30 [tout comme celui
28 M. KnApp, Evjenios Vulgaris im Einfluß der Aufklärung. Der Begriff der Toleranz
bei Vulgaris und Voltaire, Amsterdam, 1984. Cf. Varvara Spyropoulou, Eugevnio~
Bouvlgarh~ 1716–1806 : h qemelivwsh th~ neovterh~ metafrastikhv~ praktikhv~ ston
elladikov cwvro katav to 18o aiwvna, Athènes, 2000.
29 p.M. KItroMIlIDeS, Iwvshpo~ Moisiovdax – Oi suntetagmevne~ th~
balkanikhv~ skevyh~ ton 18o aiwvna, Athènes, MIet, 2004 (2 e éd.).
30 Pravilniceasca condică, 1780, ediţie critică Andrei rădulescu, Bucarest, Editura
Academiei republicii populare romîne, 1957, p. 42-43. Cf. Suntagmavtion Nomikovn
Alexavndrou Iwavnnou Uyhlavnth Boebovda hgemovno~ pavsh~ Ouggroblaciva~ 1780,
ekdidovmenon metæeisagwghv~ kai istorikhv~ anaskophvsew~ twn en autwv qesmwvn
éd. panagiotes I. zepos, Athènes, Académie d’Athènes, 1936.