LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

cantemir et le scénario moderne de la métaphysique 41
des choses n’est universelle que si elle s’identifie à l’énoncé de la vérité :
‘Je suis la vie, la voie et la vérité’. par conséquent, nous devons conclure
avec respect : 1. personne ne vit que dans la vie universelle ; 2. personne
ne peut affronter le danger de la vie que sur la voie universelle ; 3. enfin,
personne n’est véridique, il n’existe que dans la vérité universelle. 66 » Si on
accepte l’idée que dans la pensée orientale les catégories de l’organique ou
de la vie comptent plus que bien d’autres, on pourrait alors apprécier d’une
autre façon les considérations de Cantemir.
10. en guise de conclusion, on peut dire, que l’auteur est sensible à
la métaphysique occidentale de l’aube de l’époque moderne. Il préfère
certains milieux intellectuels par des raisons connues partiellement.
les auteurs cités le plus souvent (les stoïques de la période impériale,
certains néo-aristotéliciens, certains exégètes modernes, des philosophes
comme Jan Baptista van helmont ou Andreas Wissowatius) ne se
distinguent pas par leur radicalisme dans la pensée européenne. excentriques
et influents, ils semblent être ressemblent plutôt des médiateurs entre
deux époques et entre des mondes spirituels différents. S’ils annoncent
une nouvelle manière de penser, ils le font « comme dans un miroir »,
indirectement, et sans s’en enorgueillir. Ils réalisent qu’ils sont confrontés
à des perspectives culturelles distinctes, apparemment contradictoires, dans
un monde hésitant et cosmopolite.
Cantemir illustre une manière distincte de rationalité, plus pondérée,
plus détachée et ouvert tant à l’esprit analytique, qu’à la pensée symbolique
ou à l’expérience religieuse. Autrement dit, il regarde ouvertement vers
l’occident, mais à travers des penseurs qui ont cherché la médiation entre
le passé et le présent d’une époque : des théologiens attentifs au monde
nouveau et des aristotéliciens critiques envers la scolastique, des alchimistes
savants, des naturalistes excentriques et des théosophes.
en fait, la modernité philosophique se constitue aussi de cette manière,
avec ses ouvertures surprenantes et novatrices, et non pas seulement autour
de la pensée « sécularisée » ou radicale. Cette voie particulière de la
modernisation, qui n’exclut pas le rapport positif à la tradition, semble être,
du moins pour certains milieux culturels de l’europe de l’est, une des plus
adéquates à cet espace.
66 Ibidem, p. 257-258.