LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

La musique religieuse dans l’œuvre de Dimitrie cantemir 111
Mahomet est son Prophét ; ce qui se répéte par deux fois : Venez, peuple,
à la place de tranquilité et d’integrité, venez à l’azyle du salut : parlà il
faut entendre la Meque. Comme les chrétiens à la prise d’une ville font
chanter le Te Deum, de même le turcs après de semblables succès font
retenir leur ezan dans les églises des Chrétiens et les changent aussitôt
en Jami ou Mosquées. 2
un autre extrait tiré de cette œuvre présente l’élément musical dans un
moment précis du rite religieux des musulmans :
Selon la loi du Coran et d’après les constitutions de l’empire ottoman,
il est défendu de punir à mort un mollah et d’autant moins un mufti. la
plus lourde punition qu’on peut donnée aux oulémas et aux cadis c’est
l’exile ». pour l’enterrement d’un mufti exécuté exceptionnellement, on
a eu recours « à un prêtre grec. Celui-ci a appelé plusieurs gens, qui l’ont
tiré aux long des rues ; et lui, marchent devant eux, au lieu de l’hymne
funéraire, chantait ces mots “Maudit est ton âme”, et après ils l’ont jeté
dans la mer3 .
en définissant les caractéristiques générales de la musique turque,
Cantemir apporte une précision importante sur ses catégories stylistiques :
les noms utilisés pour [parler de] la musique sont nombreux, mais plus
fréquemment on utilise le mot grec mousiki. la musique se divise chez
eux [aux ottomans] en trois catégories : la musique vocale, la musique
instrumentale, qui ressemble à la musique vocale ou accompagne cette
musique avec un quelconque instrument, et la musique récitée, propre
aux poètes et à la lecture du Coran, musique qui s’appelle Kiraat. 4
par conséquent, la musique religieuse des musulmans est une musique
vocale, où, plus exactement, la lecture solennelle des surata [chapitres] du
Coran ressemble à une récitation mélodique.
une contribution significative dans le développement de la musique
2 Démétrius CAnteMIr, Histoire de l'Empire othoman, où se voyent les
causes de son agrandissement et de sa décadence... traduite en françois par M. De
JonCquIèreS, vol. II, paris, nyon fils, 1743, p. 43.
3 Faute d’avoir identifié ce passage dans l’édition française, ce passage est traduit
d’après Dimitrie CAnteMIr, Istoria Imperiului Ottoman. Creşterea şi scăderea lui.
Traducere de dr. iosif hodoŞiu, Bucureşti, Ed. societăţii Academice române, 1876, p.
759-760.
4 Dimitrie CAnteMIr, Kniga sistima ili sostojanie muhammedanskija relighij,
Sankt-petersburg, 1722. Cartea VI. Despre alte rînduieli ale religiei muhammedane. Cap.
36, 353 (cf. la traduction roumaine de l’édition Virgil CânDeA, Sistemul sau întocmirea
religiei muhammedane, Bucarest, ed. Academiei, 1987).