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LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

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cantemir et le scénario moderne de la métaphysique 25<br />

la découverte du « nouveau Monde », la renaissance et la réforme 20 . le<br />

rapport tendu avec la tradition, l’attitude sceptique vis-à-vis de certaines<br />

réformes pour légitimer les critères, l’offensive de la pensée critique, tout<br />

ceci annonce une nouvelle situation culturelle. elle devait être sans doute<br />

ressentie dans les cercles intellectuels de Constantinople et aussi de tout<br />

l’espace culturel grec, y compris l’europe de l’est.<br />

quant à la « science profane », Cantemir considérait que si elle se<br />

limitait à son propre espace, elle manquerait de repères et d’unité. Il<br />

comprend qu’il devrait chercher autre chose, une voie de connaissance sure<br />

et unitaire. Si « la vérité de différentes sciences est toujours la même »,<br />

les théologiens et les physiciens « devraient respirer la même vérité » 21 .<br />

Mais quels seront ses moyens de trouver cette « doctrine unique » ? Au<br />

début, il remet en discussion les voies de la connaissance déjà fréquentées,<br />

la voie empirique, « sensorielle » et la voie rationnelle. Il lui arrive de les<br />

réunir comme s’il n’en existait qu’une seule et unique. les connaissances<br />

acquises par les sens sont en général partielles et douteuses. en revanche<br />

la raison fait facilement place à l’imagination, à des syllogismes erronés,<br />

« sophistiques », et aux ruses de la dialectique. par conséquent, la raison<br />

n’apparaît pas non plus sûre : « les inventions de la raison devraient être<br />

reboutées », affirme Cantemir dans la même page.<br />

Il va falloir alors suivre une nouvelle voie, à travers laquelle l’intellect<br />

(intellectus) devrait s’ouvrir « à la lumière immatérielle » 22 . Ce serait la voie<br />

de la contemplation, même si elle se révélait « comme dans un miroir »,<br />

partiellement et à de rares moments.<br />

Cantemir se retrouve dans la situation de tout un chacun qui apprend à<br />

peindre ce que l’on ne voit pas avec les yeux. les traits et les couleurs dont<br />

il s’est servi longtemps ne l’aident plus. Il souhaite faire « le portrait même<br />

de la Vérité ». Seulement, les moyens de la peinture, sous leurs formes<br />

empiriques, ne sont plus adéquats à réaliser un pareil portrait inattendu.<br />

Au début, quand il s’est mis « comme un étourdi » à pratiquer cet art, il a<br />

vraisemblablement ignoré ce fait. Il ignorait que la vérité en tant que telle<br />

« ne peut pas être peinte, parce qu’elle n’a jamais été vue nulle part » 23 . Il<br />

arrive enfin à comprendre et à accepter les limites de son savoir.<br />

Cantemir aurait peut-être eu d’autres raisons d’écrire un pareil ouvrage.<br />

nous pensons par exemple à son besoin de rechercher, comme l’ont fait<br />

20 Cf. Jürgen hABerMAS, Der philosophische Diskurs der Moderne, Francfort,<br />

Suhrkamp, 1985, I, § 2.<br />

21 Dimitrie CAnteMIr, Metafizica, pp. 20, 23.<br />

22 Ibidem, 23, 24.<br />

23 Ibidem, p. 21-22.

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