LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

La circulation des drachmes de Dyrrachion dans les Balkans... 459
développement économique des peuples balkaniques 28 . nous voudrions ici
faire quelques remarques. premièrement, les rapports entre les trouvailles
monétaires au nord des Balkans et celles dans l’autre partie de la péninsule
ne sont pas équivalents : la concentration de trésors de drachmes est plus
forte, et le contenu plus diversifié au nord que dans le reste de la région.
que ce soit à Dyrrachion ou à Apollonia, on ne constate pas de changement
dans la circulation monétaire. Dans cette partie de la péninsule il n’y a
ni concentration élevée de trésors, ni circulation massive d’autres types
monétaires. Deuxièmement, il n’existe un grand flux de produits provenant
du nord des Balkans ni à Apollonia et Dyrrachion, ni dans l’Illyrie
Méridionale, qui aurait pu témoigner de ce commerce. Cela n’exclut pas
l’existence d’échanges commerciaux entre les peuples illyriens, thraces,
gètes et daces, mais cela ne suffirait pas à expliquer la présence massive
de drachmes en Dacie et en thrace. De plus, il resterait encore à expliquer
pourquoi on ne constate cette grande monétarisation des échanges que
pour une période limitée, qui, d’ailleurs, ne constitue pas une période de
développements économiques régionaux remarquables. Il resterait encore
à expliquer le grand nombre d’imitations de ces monnaies produites. enfin,
M. Crawford avait finement noté l’absence des petites dénominations dans
les trésors, fait qui contredit l’hypothèse du commerce et d’une économie
du marché 29 .
une explication alternative au phénomène de la circulation intense
monétaire dans les Balkans nous est fournie par Crawford. Il explique la
pénétration massive des deniers romains dans la péninsule par le commerce
des esclaves : après la victoire du Cn. pompeius contre les pirates en 67,
la région présentait désormais une source alternative d’esclaves pour
rome 30 . la thèse de Crawford, même si elle propose une explication pour
la pénétration du denier romain, est insuffisante pour expliquer pourquoi
une si grande quantité de drachmes de Dyrrachion de la dernière phase
auraient circulé parallèlement aux deniers romains.
Si la grande masse monétaire circulant dans la région n’est pas une
conséquence de l’économie monétarisé, ni du commerce, quelle que soit
sa nature et ses produits, il faut alors en chercher les raisons ailleurs.
28 Virgil MIhAIleSCu – BIrlIBA, La monnaie romaine chez les daces orientaux,
Bucureşti 1980, p. 30 ; Maria chiTEscu, « les monnaies géto-dace du type romain
républicain et impérial », dans Dialogues d’Histoire Ancienne, vol. 6 (1980), p. 128 ;
Bucur MiTrEA, « Monedele oraşelor dyrrhachium şi Apollonia în Moldova (Tezaurul de
la Viişoara, r. Tg. ocna) », Studii şi Cercetari de Numismatica, II (1958), p. 92-93 ; hasan
CeKA, Probleme të numizmatikës ilire, tiranë 1965, p. 36-37.
29 Michael CrAWForD, Coinage and money, p. 229.
30 Ibid., p. 233.