LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

Le Bas Danube – frontière réelle ou symbolique ? 601
une symbiose culturelle vivante que nous venons de mentionner. Fils de
l’orient, prince moldave et knez russe, adopté par le monde occidental
des savants, vivant à Iassy, comme à Constantinople et en russie, il est
une négation des frontières interculturelles, un pontifex des cultures, dans
le sens latin du mot, un faiseur de ponts. Cantemir a essayé de délivrer
sa patrie de la domination ottomane, il la fit connaître en occident par
des cartes et d’autres ouvrages remarquables, au moins aux savants. Son
histoire de l’empire ottoman et ses publications littéraires lui assurent une
place insigne parmi les savants de son siècle. un pico tardif dans un monde
où les connaissances étaient devenues si nombreuses qu’un seul homme
ne pouvait plus les accumuler. Diplomate, homme politique, historien,
écrivain, moraliste et musicien, cartographe et polyglotte, Cantemir fut et
reste exemplaire.
lui aussi fils de ce monde entre le Bas Danube et les Carpates, Cantemir
semble avoir précédé d’un siècle et demi son temps. Il a été le premier
roumain cosmopolite, européen avant la lettre.
Ce bâtisseur de ponts nous fascine, cet esprit aux domaines si vastes
nous préoccupe des siècles après. Il séduit par la voie la plus difficile,
par l’intellect. Cosmopolite, adonné aux sciences, rompant avec l’orient,
comme la génération de 1848 un siècle plus tard, Cantemir fut un
prédécesseur : diplomate, homme politique, historien, écrivain, moraliste
et musicien, cartographe et polyglotte. Il a prévu que l’avenir de sa patrie
n’était pas dans un empire caduc, mais en europe.
Vers 1250 l’on appelait en occident Frédéric II. de Souabe, empereur
romain, roi de Sicile et Jérusalem, « stupor mundi ». Demetrius Cantemir
mérite autant un pareil surnom.