LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

cantemir et le scénario moderne de la métaphysique 37
Il est bien connu que Van helmont est connu autant que chimiste et
alchimiste (ou iatrochimiste), mais aussi comme savant et théosophe de la
première moitié du xVII e siècle. en dépit de sa réputation scientifique, il se
considérait lui-même plutôt théosophe en ce qui concerne l’interprétation
des données scientifiques. C’est pourquoi il s’exerce dans la philosophie
de la nature et dans les sciences d’une manière différente de celle de nature
galiléenne. les résultats de certaines expériences scientifiques ne sont pas
interprétés, par exemple, d’une manière naturaliste ou analytique, mais plutôt
grâce à une clé métaphysique ou même religieuse. Afin de les comprendre,
il utilise certains concepts dont la signification dépasse le domaine strict de
l’expérience scientifique : gas (probablement d’après le gr. chaos), archeus
(aura vitalis seminum, selon l’influence de paracelse), blas (compris comme
vis motus tam alterivi quam localis), aqua et aer (dans le sens des éléments
primordiaux), lux, nisus, aether, fermentum, etc. en même temps, il évoque
tout simplement quelques visions et illuminations personnelles à travers
la grâce divine. Souhaitant ardemment de retrouver les sources initiales
de la philosophie chrétienne, il critique très sévèrement la scolastique.
Van helmont se trouve en réalité devant une nouvelle relation entre la
connaissance scientifique et la connaissance théologique. on assiste d’un
côté à la naissance de nouvelles attitudes, dues aux progrès remarquables
des sciences de la nature et des mathématiques. De l’autre côté, la pensée
théologique traverse la crise provoquée par la réforme et par les problèmes
soulevés des nouvelles interprétations, de nature critique et historique.
D’un certain point de vue, la théosophie, dans l’interprétation donnée par
Van helmont, cherche à résoudre le conflit entre les sciences et la théologie
dans le langage propre à une recherche typiquement herméneutique. Il s’agit
du langage propre à l’alchimie, éminemment symbolique, sensible autant
à la pensée scientifique qu’à l’esprit théologique. Cette approche est ainsi
de nature à permettre la compréhension de certaines idées théologiques
ou métaphysiques. D’ailleurs, l’alchimie est habitée alors par l’espoir de
contribuer au dialogue entre ces idées et les données des sciences naturelles.
Cantemir connaîtra l’œuvre du philosophe flamand par l’intermédiaire
de Meletie, l’archevêque d’Arta, qui avait donné « pendant huit mois » des
cours sur la philosophie de Van helmont (selon les dires de Cantemir dans
son Histoire de l’Empire ottoman). Il rédige un recueil impressionnant
d’extraits et copies d’environ 40 ouvrages, sous le titre de Ioannis Baptistae
van Helmont physices universalis doctrina et christianae fidei congrua
et necessaria philosophia (La doctrine physique universelle nécéssaire
et conforme à la croyance chrétienne de Jan Baptista van Helmont). le
volume s’ouvre par l’éloge à l’œuvre de Van helmont, écrit en latin et en