LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

508 ALIÉnOR RUFIn SOLAS
avec la carte des monnaies en or et en argent, en particulièrement celles
des monnaies d’or frappées à Abydos et à lampsaque, rapportées par les
guerriers thraces à la suite de leur participation à la campagne d’Alexandre
en Asie, invite à lier cet enrichissement aux recrutements massifs effectués
par les armées macédoniennes. on peut d’ailleurs se demander si une partie
des pièces d’orfèvrerie thraces ne sont pas directement liées au paiement
des chefs qui ont accompagné leurs guerriers aux côtés des armées
macédoniennes.
Ces pièces de vaisselle d’or et d’argent, qui ont été pesées, enregistrées,
offertes comme cadeaux, peut-être versées comme paiement et conservées
sous forme de trésors, ont été utilisées à la manière d’un instrument
monétaire, cohabitant longtemps avec la monnaie. Constituant en ellesmêmes
une réserve de valeur importante, beaucoup plus que n’importe
quelle pièce de monnaie, elles ont été des objets de thésaurisation
privilégié et sans doute un moyen d’échange entre les aristocraties de la
région ou avec celles de l’extérieur. l’usage des vases en métal précieux
comme objet de thésaurisation et d’échange n’était en effet pas propre à
ces sociétés 67 , mais l’originalité des pays thraces semble avoir résidé dans
un usage particulier de la monnaie, caractérisé notamment par la frappe
de très nombreuses imitations et par ce goût prononcé pour la vaisselle
précieuse. on trouvera peut-être dans ce dernier élément une explication de
la faiblesse du monnayage des rois odryses 68 : St. topalov a par exemple
souligné l’absence de monnaies au nom de Sitalkès, alors que le royaume
odryse avait atteint sous son règne son plus haut niveau de revenus en
métaux précieux 69 .
la carte de distribution des trésors contenant des armes, des bijoux ou des pièces de
harnachements de chevaux en métal précieux, qui renforcent cette affirmation.
67 Des vases portant des inscriptions pondérales ont d’ailleurs été retrouvés
en d’autres lieux. les auteurs de la publication de la coupe de Miho, p. BernArD,
h. InAGAKI, « un torque achéménide avec une inscription grecque au musée Miho
(Japon) », Comptes-rendus des séances de l’année, Académie des inscriptions et belleslettres,
144 e année, n. 4, (2000) p. 1371-1437, apportent ainsi quelques parallèles, p. 1422
: outre la coupe de Miho elle-même, une coupe du trésor de tarente et, à Vergina, cinq des
vingt vases en argent de la tombe dite de philippe ainsi que l’hydrie funéraire en argent
de la tombe dite du prince ; sur ces objets, cf. M. AnDronIKoS, Vergina: The Royal
Tombs, Athènes (1984), p. 157 et suivantes.
68 o. pICArD, « esquisse d’une histoire des rapports économiques entre Grecs
et thraces », Thrace in the Graeco-Roman World. Proceedings of the XI th International
Congress of Thracology, Komotini – Alexandropouli, 18–23 octobre 2005, Athènes
(2007), p. 464-473.
69 St. topAloV (1994), p. 64 ; thuc. II, 97 ; Diod. xII, 50.