LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

cantemir et le scénario moderne de la métaphysique 27
raison » 27 . une fois qu’il commet le péché originel, l’homme accepte la
proposition du diable : se servir de « la raison sensorielle », du syllogisme
et de la dialectique 28 . les limites de cette connaissance ayant été constatées
dès le début, il faut accepter que, pour atteindre la vérité, il est nécessaire
d’ouvrir l’esprit vers les choses révélées.
nous pouvons observer que « la science profane » n’est pas repoussée
brutalement par Cantemir. Il vise deux grandes prétentions de cette
science : (1) approcher la vérité d’une manière singulière (par soi-même,
de soi-même et en soi-même) 29 et (2) connaître la vérité en elle-même.
la première prétention suppose l’accès direct des sens ou de la pensée
aux faits révélés. la deuxième, une illusion également, présume une voie
allégée « de la créature vers le Créateur, du moment présent à l’éternité,
de l’accident à l’essence, du néant à l’être, du mortel à l’immortel et de la
mort à la vie » 30 .
Cantemir invoque à ce propos l’image d’un ami imaginaire qui le
conseille de changer de procédé. D’abord il lui demande de faire la distinction
entre les significations radicalement différentes de la même réalité: « entre
créature et créature, entre moment présent et moment présent, entre éternité
et éternité, entre éphémère et éphémère, entre essence et essence, entre
rien et rien, entre être et être, entre mortel et mortel, entre immortel et
immortel, entre vie et vie, entre mort et mort ». quelles en seraient les
significations radicalement différentes ? elles ressortent, comme l’éclaircit
Cantemir dans le texte, de la lecture littérale et de celle spirituelle de la
même réalité. ensuite cet ami lui impose à distinguer avec attention « la
dignité des créatures, leurs prérogatives et, s’il nous est permis de nous
exprimer ainsi, leur noblesse ». Il lui demande finalement de retourner
« du bien éternel, de la créature complète, de l’œuvre parfaite, de la dignité
laissée en concession, de la prérogative anticipative, de la noblesse ornée
de titres distingués et de leur degré le plus bas au degré le plus haut » 31 .
le chemin vers la véritable noblesse réclame une attentive délibération,
accomplie « non pas avec art, mais avec piété ». parce que la vérité est
simple et accomplie, comme la parole de Dieu, il faut alors la chercher
par le biais de la science sacrée, celle qui « enseigne avec dévouement
27 Ibidem, p. 276.
28 Dans le deuxième livre, les chapitres xxI et xxII, l’auteur se reporte explicitement
à cette situation liée à l’événement biblique de la chute (cf. ibidem, p. 98 sq.). Mais la
lecture qu’il fait pour la compréhension de cette mention est spirituelle (ou symbolique) et
non pas littérale.
29 Ibidem, p. 22.
30 Ibidem, p. 25.
31 Ibidem, p. 26-27.