LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

InTRODUcTIOn
routes et frontières au Sud-est européen.
relations économiques, militaires et culturelles
olIVIer pICArD
Inclure une section sur l’Antiquité dans un Symposium qui a pour
thème d’étude « le livre, la roumanie, l’europe » peut paraître un
paradoxe, puisque les peuples thraces, gètes ou daces n’ont pas utilisé
l’écriture pour transcrire leurs créations poétiques, religieuses, littéraires.
non qu’ils n’aient pas connu l’écriture : les contacts avec les Grecs étaient
suffisamment nombreux et intimes pour qu’ils en aient vu de nombreux
témoignages ; ils l’ont même utilisée pour transcrire un certain nombre
de textes juridiques, comme la charte par laquelle le maître de pistiros
précisait les privilèges qu’il accordait aux commerçants grecs, pour noter
les légendes de leurs monnaies (l’on sait que c’est sur des monnaies émises
par des thraces qu’apparaissent les premières attestations de mots grecs
comme novmisma ou kovmma), ou pour indiquer la provenance du métal de
certains vases précieux dans le trésor de rogozen. Comme l’on ne saurait
expliquer cette absence de l’écriture par l’ignorance ou par l’incapacité, il
faut parler d’un refus délibéré, qui s’explique sans doute, comme celui que
César avait reconnu chez les druides gaulois, par des choix politiques et
religieux.
Mais s’interroger sur « le livre, la roumanie, l’europe », c’est aussi
s’interroger sur les relations culturelles que les hommes installés entre
Danube et Carpates entretiennent, entretenaient avec les autres habitants de
l’europe. Dès lors remonter à l’Antiquité retrouve toute sa logique. Il y a
eu dès l’âge du Bronze entre l’europe du nord des Alpes et du Danube et
le monde méditerranéen des échanges importants, multiples, qui sont bien
spécifiques et qui différent profondément de ceux que les Méditerranéens
avaient avec les civilisations de l’égypte, du proche-orient, de l’Asie
occidentale. C’est par les Grecs que leur emploi de l’écriture, leur rôle dans