LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

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politiques. 19 Il fait venir dans les principautés d’éminents professeurs, des
Grecs en grand nombre. l’un d’entre eux, Marcos porphyropoulos, installé
à Bucarest, écrira à un correspondant : « to; Fanavri o{lon ei\nai ejdw` :
plevon povlin de;n qumou`mai » [tout le phanar est ici ; il y a longtemps
que j’ai oublié Constantinople !]. 20 À l’instar de son sultan, nicolas pratique
l’écriture : lettres, petits traités sur la lecture, contre le tabac, des dialogues
à la mode de lucien, mais aussi de Fénelon, de Montesquieu… Il a rédigé
le premier roman moderne de la littérature néo-hellénique, dont l’intérêt
dépasse les strictes belles-lettres : Les Loisirs de Philothée. on y prend
la mesure de son érudition : Machiavel, Montaigne, la rochefoucauld,
la querelle des anciens et des modernes, le quiétisme, Francis Bacon,
hobbes, la politique occidentale et ottomane, et bien d’autres sujets. 21
enfin, pendant les quelques mois de résidence surveillée qu’il a passés en
transylvanie, nicolas compose un Traité des Devoirs qui sera imprimé
d’abord à Bucarest en 1719, puis réédité à leipzig, londres et Amsterdam
avec une traduction latine : un véritable code de déontologie du parfait
sujet soumis à l’autorité de Dieu et de son prince. 22
les chroniques roumaines rapportent que nicolas s’est attiré parfois le
mécontentement des boyards autochtones pour avoir pris des mesures en
faveur du peuple. Il a dû aussi affronter une fronde de boyards locaux qui
voyaient d’un mauvais œil l’intronisation d’un étranger. Mais la décision
la plus spectaculaire de nicolas a été de remettre à la justice ottomane le
métropolite de Bucarest Antim Ivireanul qui lui avait tenu tête. 23 l’église
doit désormais se soumettre au pouvoir temporel. un des ennemis de
nicolas dira de lui que les ottomans l’ont promu voïvode des principautés
parce qu’ils le considéraient comme «muserin», c’est-à-dire un athée. 24
19 J. BouChArD, « les relations épistolaires de nicolas Mavrocordatos avec Jean
le Clerc et William Wake », O Eranisthv~, 11 (1974) p. 67-92.
20 hurmuzaki, xIV/2, p. 847, no DCCxxVIII.
21 n. MAVroCorDAtoS, Les Loisirs de Philothée, texte établi, traduit et
commenté par Jacques BouChArD, Avant-propos de C.th. DIMArAS, Athènes-
Montréal, Association pour l’études des lumières en Grèce – les presses de l’université
de Montréal, 1989.
22 lambros Kamperidis a préparé une édition nouvelle avec traduction française, à
paraître.
23 Arhim. Sofian BoGhIu, Sfântul Antim Ivireanul şi Mănăstirea Tuturor Sfinţilor,
Bucarest, Editura Bizantină, 2005, p. 27-30. Aussi ANTiM iVirEANul, Opere, éd.
Ştrempel, Bucurest, 1972, p. XXXiV et 435-437.
24 M. SChenDoS VAn Der BeCK, Apologia adversus Mavrocordati
sycophantias, dans Călători străini despre Ţările Române, vol. Ix, Bucarest, editura
Academiei române, 1997, p. 84. Aussi J. p. MArAnA spécifie : « l’heresie des Muserins,