LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

La circulation des drachmes de Dyrrachion dans les Balkans... 461
Il reste à expliquer pourquoi utiliser les drachmes de Dyrrachion et
Apollonia dans des territoires qui sont relativement loin des deux cités.
Il est nécessaire de rappeler ici que la région située au nord des Balkans
est importatrice de monnaies étrangères. les peuples locaux frappaient
monnaie de façon irrégulière et souvent ils n’avaient pas une monnaie
propre. Ainsi, des types étrangers sont importés 36 et se substituent aux types
frappés localement. Cela nous aide à comprendre que ces peuples n’avaient
pas de préjugés quant à l’utilisation et la circulation massive de monnaies
étrangères. Doit-on admettre alors que ce sont les peuples balkaniques qui
ont préféré l’importation des drachmes de Dyrrachion et Apollonia pour leur
besoin de financer les conflits militaires ? Sont-ce plutôt les romains qui ont
causé la distribution des milliers de drachmes dans la région ? Il est important
pour notre sujet de faire quelques constatations sur les relations entre rome,
Dyrrachion et Apollonia. les dommages causés aux ports des deux cités
par la piraterie illyrienne 37 , leur soumission sous le protectorat romain à la
fin du III siècle av. J-C. 38 , ainsi que la présence d’hommes d’affaires et de
négociants à Dyrrachion et Apollonia 39 , ont beaucoup affecté leur politique
envers rome. les deux cités à partir de la fin du III siècle, et jusqu’à la fin
des guerres civiles à rome, ont suivi une politique favorable à rome en
étant ses alliées. leur position géographique, surtout celle de Dyrrachion, fait
qu’elles sont très importantes dans la communication entre les deux rives de
la mer Adriatique. Se trouvant en face de la côte italique, les deux jouaient
un rôle fondamental dans les routes commerciales qui connectaient l’Italie
avec les Balkans 40 . Ce rôle grandit, surtout après le milieu du II siècle, avec
la construction de la Via Egnatia, qui liait rome avec l’orient, faisant de
Dyrrachion l’un des points de départ de la route 41 . etant les ports les plus
proches de rome dans les Balkans, Dyrrachion et Apollonia ont fourni une
base pour le débarquement des troupes militaires pendant les guerres de
Macédoine 42 et pendant les conflits suivants, et ceci jusqu’à la fin des guerres
36 Shpresa GJonGeCAJ, olivier pICArD, « Drachmes… », p. 146 – 147.
37 polybe, II, 8, 1-3.
38 Jean-louis FerrAry, Rome, les Balkans, la Grèce et l’Orient au IIe siècle av.
J.-C., paris (1978), p. 733.
39 Ibid., p. 782-783.
40 Gino BAnDellI, « Dallo spartiaticque appenninico all’altra sponda : roma et
l’Adriatico fra il IV e il II secolo A.C. », L’archeologia dell’ Adriatico, 2001, p. 217, 220-
221.
41 elizabeth DenIAux, « recherches sur le port de Dyrrachium à l’époque
romaine : fabri tignuarii et saccarii », Epire, Illyrie, Macédoine, Mélanges offerts à P.
Cabanes, (presses universitaires B. pascal, Clermont-Ferrand, 2007), p. 76.
42 Shpresa GJonGeCAJ, olivier pICArD, « Drachmes… », p. 145.