LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

114 Victor GhilaŞ
d’une musique continue, les derviches se fatiguent tellement qu’à la fin,
réchauffés (des rondes exécutées de plus en plus vite, comme si c’était
dans la nature humaine et comme s’ils avaient acquis une extraordinaire
aisance à tournoyer pour dépasser même les forces de la nature!), ils
s’effondrent. 7
la musique des derviches qui tournent (semâ’zen) est mentionnée
également dans le célèbre Air sur lequel tournent les derviches de Péra,
imprimé par le diplomate français Ferriol pendant la vie du savant en 1714,
dans la transcription linéaire européenne de Sieur Chabert.
nous ne disposons pas de compositions de musique religieuse de
Dimitrie Cantemir ou des mentions selon lesquelles il avait recueilli ce
genre de musique, mais selon les hypothèses émises on peut lui attribuer
cette paternité.
J’ai insisté ailleurs8 sur ce sujet en donnant plus de détails. le fait que
l’Aire des derviches ne manifeste pas de traits communs avec l’œuvre
cantemirienne ne doit pas nous étonner. Dans le cas de la musique religieuse,
il s’agit des particularités stylistiques et des fonctions sociales spéciales qui
ne peuvent pas être confondues avec la musique académique.
en outre, le musicologue turc Selami Bertug entreprend une analyse
(anticipant les choses, disons qu’elle est favorable à Cantemir) de la pièce
musicale et démontre que le morceau de l’ouvrage imprimé de Ferriol est
un fragment d’une vieille mélodie du rituel dansant des derviches mevlavi.
l’exégète identifie l’air avec un fragment vocal et instrumental de la
quatrième section du rituel, et notamment Selam (Sauts – III) 9 .
l’impressionnante culture musicale de Cantemir est illustrée également
par ses considérations sur la musique byzantine. en effet, Cantemir est
profondément marqué par cette musique de par sa naissance et de par sa
famille, et ensuite à travers l’éducation dans l’esprit de la religion orthodoxe.
Certains ouvrages indiquent qu’il maîtrisait le slavon ecclésiastique10 ,
utilisé dans le chant choral de son pays. par conséquent, il disposait de
toutes les conditions pour se familiariser avec la création musicale dans
7 Dimitrie CAnteMIr, Kniga sistima..., op. cit., Chap. 36.
8 Cf. Arta componistică, interpretativă şi pedagogică în preocupările lui Cantemir,
dans Victor GhilAŞ, Dimitrie Cantemir în istoria culturii muzicale, chişinău, Ed.
epigraf, 2004, p. 75-79.
9 Selamî BertuG, « semâ’ve Eski kitapta bulunan âyîn notasi » (dansul dervişilor
şi notele unui ritual într-o carte verde), M[usiki] M[ecmuasi], an 16, nr. 202 (1964), p.
295-298 ; apud eugenia popeSCu-JuDetz, op. cit., p. 50.
10 Cf. Encyklopedyja powszechna, S. orgelbranda, tom szosty, Warsawa, naklad,
druk i wlasnosc S. orgelbranda synow, 1874, p. 142.