LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

Les Séleucides et les Balkans... 359
armes légères. Mais d’où venaient-ils ? pour répondre à ce problème, deux
grandes hypothèses ont été esquissées :
a. c’étaient des colons militaires provenant de la Syrie ou des soldats
qui étaient armés « à la manière des thraces » 24 ;
b. ils étaient , quand même, des mercenaires 25 .
D’habitude, on l’a vu, les auteurs modernes ont des grands scrupules
quand ils essaient de comprendre la provenance des unités de l’armée
séleucide à la parade de Daphné, en se figurant que les rois séleucides ont
vraiment dû observer les conditions du traité d’Apamée. Mais ces scrupules
n’étaient pas partagés par les rois séleucides eux-mêmes. eliezer paltiel a
remis en discussion la question de la manière dont le traité d’Apamée était
censé être observé 26 , et ses conclusions vont contre la logique habituelle des
historiens modernes qui, eux, sont plus enclins à se souvenir du principe
pacta sunt seruanda que les chefs d’etat de jadis. Ainsi ; remarque-t-il le
fait que les Séleucides, à l’époque d’Antiochos IV, avaient une flotte qui
a dû excéder les limitations d’Apamée et violer la limite de navigation qui
devait être le Cap de Sarpédon, car elle a dû manœuvrer sur les côtes du
Chypre afin d’y transporter l’armée royale, en 168 av. J.C. 27 . qui plus est, il
avait reconstitué un corps d’éléphants (ces bêtes étant, elles-aussi, interdites
par les clauses du traité de 188 av. J.C., pour des raisons évidentes), dont
il avait offert une partie aux romains, eux-mêmes, lors de leur campagne
contre persée 28 . la parade de Daphné, elle aussi, a vu défiler 36 éléphants.
24 lAuney M., Recherches sur les armées hellénistiques, paris, t. I 1949; p. 384:
« les stipulations du traité d’Apamée faisant loi aux Séleucides de ne point recruter
de mercenaires dans la zone d’intérêt des romains, tout comme en Asie Cistaurique.
néanmoins, dans la grande revue passée en 165 à Daphné par Antiochos IV, défilèrent
devant le roi 3000 fantassins thraces. Ce ne peuvent guère être des hommes venus de la
thrace même. on pourra donc songer, soit à une troupe recrutée dans des colonies militaires
installées précédemment en Syrie par les Séleucides, soit à un corps armé à la thrace, dont
les composants n’avaient de thrace que la tenue et l’équipement : le prince aux goûts
ostentatoires et vains qu’était Antiochos IV faisait bien ouvrir le défilé par 5000 hommes
armés en légionnaires romains ! Il est assez difficile de démêler ici ce qui est institution
militaire de ce qui n’est que parade théâtrale de figurants costumés » ; WAlBAnK F. W.,
A Historical Commentary on Polybius, oxford t. III, 1979, p. 450 (ad loc.).
25 SeKunDA n., Seleucid and Ptolemaic reformed armies 168-145 B.C. Volume
I. The Seleucid Army under Antiochus IV Epiphanes, Stockport 1994, pp. 17 sq.: “like the
Mysians and Cyprians, the thracians could have been a regiment of mercenaries”, écrit-il,
après avoir présenté les hypothèses de launey (v. supra).
26 pAltIel e., “the treaty of Apamea and the later Seleucids”, Antichton xIII
(1979), pp. 30-42.
27 t.l. xlV, 11 sq.
28 polyen. IV, 21 nous raconte le stratagème de pérsée qui, sans pouvoir disposer