LE SYMPOSIUM INTERNATIONAL LE LIVRE. LA ROUMANIE. L ...

Grecs et thraces : conflits et intégration... 487
l’autre présence remarquable est celle de la monnaie de bronze. Celleci
n’a aucune valeur métallique et constitue déjà une monnaie fiduciaire. la
thésauriser n’a de sens que si elle est indispensable pour certains échanges
de faible valeur, ce qui dénote un taux déjà élevé de monétarisation. le
trésor le plus ancien dans la chronologie de l’IGCH, trouvé non loin de
Craiova, est un trésor de pièces de bronze : le phénomène n’est donc pas
tardif, ni limité aux régions limitrophes de la Macédoine, mais déborde de
la stratégie de thrace.
enfin nous retrouvons, mais à une échelle beaucoup plus importante, le
phénomène que nous avions noté précédemment : C. preda a attiré l’attention
sur la frappe, dans la vallée du Danube, de très nombreuses imitations aux
types de philippe II, qui sont apparues très tôt, peut-être dès le début du III e
siècle. C’est de là qu’est partie la diffusion de l’image de la tête juvénile et
du conducteur de char qui connaîtra un tel succès dans l’europe celtique
jusqu’au triomphe exclusif du monnayage romain.
Ces trésors de philippe II se prolongent jusqu’à la fin du IV e siècle ou
au début du III e , bien au-delà de l’assassinat du roi et même au-delà du
début du monnayage aux types d’Alexandre. en fait les pièces thésaurisées
se situent entre les toutes dernières années du roi et l’arrêt du monnayage
aux types de philippe II par Démétrios poliorcète, beaucoup appartenant
aux émissions contemporaines des guerres des Diadoques. Il y a là un
élément important pour comprendre ce phénomène curieux qu’est la reprise
de la frappe des anciens types de philippe II par Antipater et Cassandre :
ce sont manifestement ces pièces qui furent utilisés par les maîtres de la
Macédoine dans leurs transactions avec les thraces, ce qui entraînera leur
prolongement local sous forme d’imitations.
Comment expliquer le grand nombre de monnaies aux types de philippe
II dans les pays thraces ? nous avons déjà éliminé l’hypothèse d’échanges
commerciaux. Deux explications sont possibles : ou ces trésors sont le
produit de pillage, ou ils sont alimentés par le paiement de contingents
militaires thraces dans les armées hellénistiques. en soit, la composition
des trésors ne permet pas choisir entre les deux interprétations. notons
cependant que nous n’avons pas connaissance de raids de pillage menés
par des thrace en Macédoine pendant la deuxième moitié du IV e siècle
et qu’il faudrait donc imaginer des épisodes graves n’ayant laissé aucune
mention dans nos sources, à un moment où la supériorité militaire de
l’armée macédonienne est bien établie. la deuxième s’appuie sur plusieurs
indices : l’or est un numéraire souvent associé aux paiement de mercenaires,
surtout des chefs. la monnaie de bronze est depuis le début du IV e siècle un
moyen normal de paiement d’une partie de la solde, celle qui est destinée à