Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française

1536 GUILLAUME FARELAJEAN-RODOLPHE ftEGUELI, ATHONON.103
peuple, lequel ce prestre tâche, de son povoir, empescher devenir
à Nostre Seigneur. Vous pourrez oyr ce que son nepveua fait, retyrant
les gens du sermon, quant ils oyoient,jectant pierres, faisant
du pis qu'il povoit. Brief, Monseigneur,si voulezéviter grosse
fascherie,il fault que vousregardez sur lesprestres, car tout le mal
et troublevient delà.
D semble que, jusques à ce qu'on puysse donner ordre plus
plainement, sera bon que instituez Froment à Colongeset lyeux là
prochains, faisant que lesprestres ne se meslent plus du peuple, ne
d'enseigner, ne d'administrer les sacremens, ne des cures, ne autres,
et singulièrement les gros loupz et qui plus ont séduict et
pressé le povre peuple. Davantaige, Monseigneur,je ne puys rien
entendre de la chastellanie de Terny3 il me semble proprement
que c'est une mocquerie. Le chastellan,vous le congnoissezqu'il
vault; il y a ung lieutenant que je crois estre peu songneux ne de
l'honneur de Dieu, ne de Messeigneurs. Les uns chantent4, les
autres je ne sçay qu'ilz font. Je voudroye que Messeigneurs y
donnassent autre ordre, et là et en autre part, car il estbien nécessaire
pour l'édification du povre peuple, tant subject à Messeigneurs
que pour leurs voysins5; car si bon ordre y est donné,
grant fruict s'ensuyvra.
Mes frères ont délybéré venir deçà et habiter icy, pour servir it
Nostre Seigneur IIz pourroyent servir à Messeigneurs,tant pour
garder leurs droictzque pour l'honneur de Nostre Seigneur, et
bien voudroye que Messeigneurscongneussentleur cueur et le desir
qu'ilz ont de leur servir. S'il y a aucun moyen en quoy ilz se
puyssent employer, sera vostre bon plaisir y regarder et leur assis-
rentier, près de St.-Jnlien.
II faut sous-entendre:la messe(Voyezt. H, p. 862,dernièreligne
du texte).
Les habitantedn Faucignyet du Genevois,qui étaientcatholiques.
Le Réformateur"avait quatre frères. Clauderésidaithabituellement
en Suissedepuisquelquesannées,maisil n'était pas encorefixédansle
pays romand.Gauchkr servait,en qualité d'intendantou de secrétaire,
le comteGuillaumede Furstemberg.Damél,à ce qu'il parait, n'avait
pas encorequitté la France. Jean-Jacquesétait apothicaire.Il fut reçu
bourgeoisde Genève,le 9 mars 1587, en mêmetemps que ses frères
ChnOaume et Claude,et AntoineSaunier(Voy.le Registredu ditjour).
1
C'est-à-dire,leurs titres de propriété.Ceux qui les «gardaient»
percevaientles dîmes,les censéset autres redevancesféodales,pourle
comptedu souverain.