Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française

1536 LES ÉVANGÉLIQUES DU LOCLE AU CONSEIL DE BERNE. 67
sinon que par vostre grâce y soit pourven, en faisant les-remonstrances
à Ma Dame,pour le depposer de son office de mayre, à
celle fin qu'il ne nous ait à persécuter car il est homme fin et
plain de cautelle pour reprandre les paouvres gentz et les persécuter,
comme il a faict par cy-davant contre la Parolle de Dieu
Par quoy, nous les dits voz paouvres humbles serviteurs nous
nous recommandons à voz bonnes grâces, humblement vous suppliant
nous donner par conseil, en la meilleuresorte qui se pourra
faire selon Dieu et raison, comment nous debveronsfaire contre
cestuy mayre,à cause que de présent entendons qu'il a parlé contre
ceulx qui tiennent la part de l'Évangille, et qu'il est prins par
vostre Justice5. Semblablement, tous ceulx qui portent la Parole
de Dieu, touchant l'office qu'il a d'estre mayre vouldroient bien
qu'il[s] en eussent ung autre, s'il se pouvoit faire; car nous entendons
que, s'il y en avoit. ungautre, ce seroit ung grant bien pour
l'avancement de l'Évangille, et une grande paix, et nous semble
que nous seroit à gros repoz. Par quoy, prions qu'il soit remonstré
a Ma Dame, en la meilleure sorte qu'il se pourroit faire. Priant
nostre Seigneur Dieu qui vous doiënt p. donne] à parfayre selon
sa saincte Parolle, et vous priant en après nous avoir pour recommandez
en noz persécutions, et mesmement nous pardonner et»
[que] tant nous osons vous prier et requérir, ensemble toutes noz
aultres faultes que pourrions avoir faictes, le temps passé, contiv
la Parolle de Dieu.
Les vostres humbles frères et serviteurs
PIERRE Mailliakdz, Jehan ROBERT, Courthenin PERREL
DU L.OUCLE. ET TOCS AMATEURS DE l'ÉvANGILLE.
4 Guillemettede Vergy,Damede Valangin,écrivaitaux Bernois,le
21juin 1536 «Monmeyredu Locles'en vectpart devantvous,pourl'affèrequeMonsieurdeCottwnbier
se donneà provéz,quele dictmeyreavoyt
dict certeynnesparolles tant contreDieu, que vousaultres [Il] m'a
juré et promisqu'ifl] n'en parlitjamays,et quecen'est queunemalvoliencequ'onluy
a imposéz. Ces parensluy ont conseilliéce mettre à
vostre miséricorde .nia plusde vi annéesque plusieursluyvenlient
mal, et sont estés après pour le deschasserde sonoffice,pource qu'il
mantientlesdroysdema sigrriorie. » (Mscr.orig. Arch. bern.)On peut
voirt. H, p. 284,lignes1-9,ce que la damede Valanginentendaitpar
cesdernièresparoles.
6 Si le mairedu Loclesubitla prisonlorsde sonarrivéeà Berne,ce
futpour quelquesheuresseulement(Voy.le Manuelde Bernedu 24juia.
1536).