Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française

i 536 PIERRETOUSSAIN AGUILLAUME FAREL, A.GENÈVE. 113
sont inutiles, je me crois autorisé par mon ministère &mettre moi-même 1a main a
l'œuvre, et je commencerai à réformer le Baptême et la sainte Cène.
Si j'ai peu de relations mec mes paroissiens, c'est uniquement parce qu'on ne se
réunit pas ici pour s'instrnire, mais pour boire et médire du prochain. Et cependant
les adversaires m'ont assez souvent dénoncé aux Princes, comme si j'étais un sé-
ditieux. Je continue toutefois a offrir mes services à tout le monde.
Mon plus grand désir serait d'aller vous voir et de m'entretenir avec vous. En
attendant, pensez à moi dans vos prières. Saluez tous les frères, et nommément
Calvin, Élie [Coravà~ Olivétan et Saunier. J'apprends, non sans contrariété, que
Marlinus Felinus [Bueer] désire vivement la visite de Calvin.
Charissime frater, recepi hodie primùm literas tuas, datas Lausanœ,
13 Octob. l quaeme magnopere recrearunt. Et velim intelligas
per me non stare, quomiimsrite sacramentis Domini utamur,
quodhactemts mikinon Ucuitper Principes2 qui, ut festinant lentiùs
quàm vellem in rébus Christi, ita, nescio quo jure, hanc sibi
sumunt authoritatem, ut nihil per me innovari velint. Et quoniam
hic CornesMo.!fcr3 culpamrejicit in fratrem, scripsi illi non semel
per proprios etiam nuntios, nec illi solùm, sed et Blanrero quoque
et Schnepfio ut diligentiùs prospiceretur rebus hujus ecclesise,
evei'sa abominatione ista papistica 5.Sed hactenus nihil impetrare
potui, praeter promissa quidem multa, sed inania, ut duabus postremisconcionibus
meisfuerim coactusappellare istos Orçsjjyp'»
1Cettelettre de Farel dn 15 octobre1536est perdue.
Le traité concluà Cadan(juin 1534)entre Ferdinandd'Autriche
et le duc Ulrie de Wurtembergimposaità ce dernierprincel'obligation
de ne tolérer aucun «sacramentaire dans ses États (VoyezLeopold
Ranke.DeutscheGeschichteimZeitalter der Reformation,lte Anfl.m,
481-484).
8 Le comteGeorgesde Wurtemberg,gouverneurdu Montbéliardet
frèredu duc Ulric,qui était le souverainde ce pays.
EhrhardSchnepf,né à Heilbronnen'Souabe(1495),'avait été recommandépar
les théologienssaxons au duc Ulric de Wurtemberg.
Celui-cil'avait appeléà Tubingue,pour lui confier,ainsiqu'à Ambroise
Blaarer,la tâche4eréformerl'ÉglisedesesÉtats (Voy.l'article Schnepf,
dansla « Real-Encyklopâdie fur protestantischeTheologieund Kirche,»
publiéesousla directiondu Dr J.-J. Herzog).
5
Voyezle N°570,note 2.
1 Notre ami M. E. Binder,professeurà Genève,a pris la peinede
déchiffrerpour nous ce mot hébreu, écrit très-imparfaitementet sans
points-voyelles.Jarobeammimest le pluriel de Jéroboam;maisc'est abusivementque
Ibussam donne la terminaisonplurielle à un nom propre
employécommequalificatif.
T. IV.
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