Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française

M) PIERRE VTRET AU CONSEIL DE LAUSANNE. 1536
heure qu'on m'en demandera. Et s'il y a prebstre,. moyne on
aiiltre, quel qu'il soit. qui me saiche monstrer que j'aye enseigné
ihose contraire à la Parolle de Dieu,je ne demande pas que vous
nie chassez comme une peste de vostre ville. mais que vous en
faciezune si grief ve punition, que jamais homme ne se mesle de
prescher qui ne soit bien asseuré de sa doctrine. Et ainsi'que je
me submectz, et offre devant vous, aussy je vous prie qu'il soit
\ostre bon plaisir de m'administrer bonne justice (ainsi irae vous
le debvez faire pour l'honneur de Dieu et le salut d'un chacun)
de cestuy Jacopin, qui presche au grand temple contrelequelje
veux prouver par la Saincte Escripture commeil a preschè choses
f nuises,et qu'il séduict les povres simplesgens (fuil'oient2.Et ne
demande pas que aucun dommaige luy soit faict, ou aucun mal,
combien qu'il se trouvera au tort, mais que vous mectez si bon
ordre, qu'il mainctiéne sa doctrine.
Et sije ne puys prouver ce (pie je mectz en avant, punissez-mo\
comme nn calumniateur et imposeur de faux crimes et au contraire.
s'il ne sçait mainctenir son cas, que miséricorde luy soit
laicte. Carje ne demande sinon (lue le povre peuple ne demeure
poinct en ces erreurs, et que la faulte de cestuy Jacopin soit contrneue
et le scandale osté. Car s'il venoit quelque un en la ville,
qui, au lieu de bonnes viandes, vendist du venin et de la poison
pour tuer les corps, ou s'il estoit trouvé quelque faulsaire,qui
*>ustfaulsé le testament ou Instrument d'un homme de bien, on
en feroit une très-griefve et horrible justice. Aplus forte raison
debvez-vous bien avoir l'œil et esgard sur ceux qui, au lieu de la
vraye pasture de l'Évangile, par leurs faulses doctrines, empoisonnent
les povres âmes, et mènent tout à perdition, et faulsent le
au prédicateurévangéliquel'église de la Madelaineou desDominicains,
on réservantexpressément,que les autels et les orguesn'y seraientpas
démolis,et que lesreligieuxde ce couventpourraientcélébrerla messe
dansle cloître.
Onlit dans le Manuelde Lausanu du 13 avril,jour dujeudi saint:
«ComparaitMagisterPeints Viret,prseaicatorEvangelS,qui présentavit
certos articulosdandoset tradendosVenerabiliFratri Praedicatori,
quiprœdicavitin ecclesiamajoriLansannse,videndoset visitandos.» Ce
jacobins'appelait Dominiquede Monbouson. n réponditpubliquementà
Viretle 2 octobre,pendant la Disputede Religion.Il déclaraqu'ilne
s'était pointenfui,« maisMessieurs(dit-il)me défendirentqueje ne prêchasseplus,
et [ordonnèrent]qu'onm'en fit aller, ce queje fis (Voyez
Rnchat,IV, 141,142, 194-202).
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