Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française

296
GUILLAUME FAREL A CHBISTOPHE FABRI, A THONON. 1537
nuper cum admoneremus hominem oflScii, nempe, ne sic amarè
loqueretur, satis quid sentiret indicavit. Somma: quid velit [cum]
nescias, aliunde est expiscandum. Sic agit Bachi* negocium, ut
non attingat, et, ut video, pars favet Bacho hic etiam eorum qui-
bus res est demandata. Ideo expedit ut diligenter urgeas negocium
aliàs nihil hic impetrabis. Expedit ut Prœfectus iterum scribat8,
et, si tibi videtur, quasi annotet fautores aliquot hic esse
Bacho, in cujus gratiam non tam debent cessare et negocium ne-
gligere quàm in gratiam veritatis et Bernatium diligedter suam
impendere operam 1.
Colinceum audivimus pagos Bernatium petiisse6; suspicamur de
detimis aliquid sparsisse9, sed res nondum est cognita, licet non
plusieurs localités du Chablais, particulièrement à Colonges-sur-Bellerive
(Voy. Non580, renv. de n. 2; 588, renv. de n. 15; 591, renv. de n. 6;
592, renv. de n. 29). Au commencement de juillet 1537, les pasteurs de
Genève l'avaient élu diacre du ministre de Thonon, et cette nomination
avait été confirmée par les commissaires bernois (N° 641, n. 1). Néanmoins,
il ne quitta Genèvequ'après le 21 septembre suivant. On lit, en
effet, dans le Registre du Conseil de Genève, au dit jour c Estant aoys
Antoine Froment, quil dict qu'il s'en veult partir d'ycy pour aller là ont
Q. où] sont demoréz Je advys les frères [de l'envoyer]. est arresté.
que l'on luy dise que ne luy donnons poënt congé, et que vouldrions bien
qu'il demorasse icy; et toutefois luy soyent faictes les remonstrances à
cause de sa femme. »
6 n s'agit ici du ministre Denis Lambert. Au lieu de lui donner son
prénom latin de LHonysms,Farel et Fabri le désignaient parfois en se
servant du prénom grec, qui signifie à la fois Denis et Bacchus (Noi 588,
renv. de n. 1; 591, renv. den. 1). LesRegistres de Genève ne fournissent
pas de renseignements sur «l'affaire» qui aurait nécessité une enquête sur
la conduite de Lambert; mais la lettre du 19 octobre 1537 donne à penser
qu'on se plaignait de ses calomnies.
6 Le 1er septembre, le bailli de Thonon avait déjà adressé une lettre
au Conseil de Genève a propos de Denis Lambert. Nous en avons cité un
fragment (N° 591, n. 3).
7 Le Registre de Genève ne mentionne aucune nouvelle démarche faite
par le bailli de Thonon au sujet de Lambert.
8 De ces paroles on pourrait inférer que Jean Janin, dit Gologny, s'était
enfui de Genève, pour échapper à l'emprisonnement dont il avait été
menacé le 20 et le 27 juillet (Voy. N° 641, n. 11).
• On lit dans la lettre de B. Haller à Bullinger datée de Berne le 12
septembre 1532: c Qui. ab Anabaptistis sunt vitia cavent, in ipsa invehunt,
inter 3e arctissimè conveniunt, suis legibus addictissimi et hypocrisi
miré etiam simplicibus imponunt, quia multi per ipsos à decimiaet
ceteris oneribus ïiberari sperant » (Fueslinus, op. cit. p. 94, 95).