Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française

1538 CHARLES D'ESPEVILLE [j. CALVIN] A LOUIS DU TILLET* A PARIS. 359
ma conscience portoit, si je ne voulois estre traistre à la vérité de
Dieu et au salut de luy, ce que ne prendrez en manlvaise part. Je
vous supplie d'avoir singulière mémoire de nous en vos prières,
à quoi, combien que la cognoissance que vous avez de nostre infirmité
vous doive assez inviter, néantmoins les difficultés que
nous sentons vous doibvent encores plus enttamber, lesquelles sont
plus grandes que jamais 11.
Après m'estre humblement recommandé à vostre bonne grâce,
je prieré le Seigneur vous conserver en sa saincte protection et
vous diriger tellement, que ne décliniez pas en la voie tant lubri-
que où vous estes,jusques à ce qu'il vous aura monstre la pleine
délivrance. Vous me pardonnerez si ceste présente est assez confusément
escripte,car la briesveté du temps en partie en est cause,
et en partie lestroubles que nous avons, oultre que l'argument ne
m'estoit pas fort propre à traicter. De Villefranche19;ce dernier
de janvier (1538).
Vostre humble serviteur et frère,
CHARLES d'Espeville.
17 Contrairementan préavisde Farel, de Calvinet de CoraudÇS°677,
n. 3), le Conseildes Deux-Centsavait décidé,le 4janvier, quela sainte
Cènene serait refuséeàpersonne.C'était un échecpour lesréformateurs
de Genève.Leursadversairess'adjoignaientde nouveauxadhérents,qui
donnaientironiquementaux citoyensduparti opposél'épithètede cfrères
en Christ.» Toutsemblaitannoncerque les électionsdu 3 févrierne se
passeraientpas sans troubles(Voyezle Registrede Genèvedu 16 janvier,du
1eret du 5 février1538. ÂmédéeRoget.Histoiredu peuplede
Genèvedepuis la Réformejusqu'à l'Escalade. Genève, 1870,tome I,
p. 67-69).
18 C'est-à-dire,glissante.
19 Pseudonymede Genève.