Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française

CHRISTOPHE FABRI A GUILLAUME FAREL, A GENÈVE.
1536
frères,qui voientque nos adversairessont indéciset fort inquiets.Nousespérons
quenotre SaSIi arrivera bientôt. J'ai de nouveauinforméGiron, on,en son absence,Gaspard[Megander],
de tontel'affaire;ma lettre, dont M. de MaxMyest le
porteur,mentionne aussi ma prochaineconférenceavecle Cordelier,et l'agression
commisesur Denis[Lambert].
Gérard[Pariât], l'abbé[dela Jeunesse] et moi,noussommesrésoluspoursuivre
devant la Justice les accusationsinjurieuseslancées contre nous par Éeharnûr,
notre insolentennemi.SaluezSaunier,Fromentet ma famille.
S. Novissimè tragœdiam illam, seu potiùs rebeUionem, quœ eo die
qno hinc solvisti 1 accidit, ad te utcunqiie sciïpsimas, et ailhue domi
Sitffectiis et ipse heremus, cam legatus Berna nondum redie-
rit. Quamvis id fratribiis mnltis argumentis causa; nostite profuturum
videatur, mihi tamen molestum est publicas contiones sic
intermittere; sed cogor huic parère consilio, qaôd videant adversarios
hac occasione maximè anxios ac suspensos. Speramus prœfectum
nostrum brevi ventnnim 2. Scripseram ad Gironum, aut, absente
eo, ad Gasparem, sed raptim, quôd tahellarius non posset
meas expectare literas si latiùs scripsissem; hodie verô per nobilem
Massiliacum3, qui Bernant proficiscitiir, ad Gasparem scripsi totnm
1 C'est-à-dire, le samedi 6 mai.
Les huit baillis du nouveau territoire bernois furent élus le 13 mai
1536 (Ruchat, IV, 51, 52). Celui de Thonon, Jean-Rodolphe Nàgueîi, ne
put être installé qu'après le 19 du même mois (Voy. X° 560, n. 1).
3 Michel de Blonay, seigneur de Maxitly, près d'Évian (ou de Machflly,
près de Jussy ?). Fils de Jean-François de Blonay et de Cathérine
de Munsingen, il avait épousé Louise de Bovéréa, dame du Crest et
sœur de Jacques de Rovéréa, gouverneur d'Aigle (Communications de
MM. William de Blonay et Charles du Mont, à Lausanne. Voy. t. III,
p. 405). C'était un ami de la tolérance religieuse. Le 21 février 1536, il
écrivait du Crest au syndic Claude Savoye à Genève c Ceux de Jussy
font plusieurs folies et ne sont que demy dozainne qui facent cella, ne
qui allent au sermon, et ne dict l'on poynt de messe. Pourquoy je
vous prie que l'on advise de laysser dyre la messe à qui la voudra, ensenble
le sermon. Et peu à peu l'on cognoystra la vérité. On lit
encore dans sa lettre du 8 mai suivant, datée du Crest et adressée à MM.
de Genève: «Les présens porteurs sont venus par devers moy, disant que
aucuns de leurs parans ont esté prins par vostre commandement, exerssant
office de prestrise. Je vous prie que, combien que ce soyt acte de
scandalle, les veulliés laysser aller. pource que il ne sont ancores illu-
minés de vérité évangèlique,jusques à ce que il playraz à Dieu la mètre
en leurs cueurs.
» (Mscrits originaux. Arch. de Genève.)