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»o6<br />
Nous allâmes tous nous réfugier dans la cave d'Auguste Charlier, à l'exception<br />
d'Alexandre Diffrang, qui resta blotti dans un coin de l'abattoir (t). C'est<br />
de notre nouvelle cachette que nous vîmes les Allemands pénétrer dans l'abattoir.<br />
L'un deux tomba sur le seuil de la porte, atteint par une balle française. Quelques<br />
instants après, les soldats firent sortir toutes les bêtes, trois chevaux furent<br />
enlevés, les vaches furent chassées, au nombre de 24, dans la rue des Tanneries,<br />
où elles furent tuées à coup de fusil. Ensuite, l'ennemi mit le feu à l'abattoir.<br />
Quand le feu atteignit l'immeuble Charlier, il fallut bien se résigner à sortir,<br />
et on le fit par la porte de la cave qui s'ouvre sur la rue des Basses Tanneries.<br />
Alfred Gillain, le voisin, fit de même avec les siens. Par une petite ruelle, on<br />
remonte dans la rue des Tanneries et on s'enfonce plus avant vers la gendarmerie.<br />
Nous cherchons à défoncer la porte de la remise Nicaise, mais en vain.<br />
C'est alors que, voyant un tombereau dans la rue, je le poussai contre le mur<br />
d'Edgard Himmer et ainsi nous allâmes nous cacher dans son jardin (fig. 211, n° 29).<br />
Les Charlier et les Gillain étant restés un peu en arrière, n'eurent pas le temps<br />
de nous rejoindre et se réfugièrent dans la maison Capelle (fig. 211, n° 3o).<br />
Ne nous sentant pas encore à couvert dans le jardin Himmer, nous sommes<br />
descendus dans le « Ry de Bruau » (2.) et nous nous y sommes cachés sous la<br />
rue des Tanneries, à un endroit où il y avait un peu moins d'eau, mais beaucoup<br />
de boue. Il pouvait être 8 heures du matin, et nous restâmes là jusqu'au lendemain,<br />
ma femme et moi, Lucien Porigneaux, sa femme et son fils et le vieux<br />
Donnay, qui s'était trouvé avec nous chez Charlier.<br />
Vers le soir, on entendit les Allemands parcourir la Brasserie, donner ordre<br />
aux femmes de s'en aller d'un côté et aux hommes de se ranger à part ; on<br />
perçut des cris, des coups de fusil, mais on ne vit rien.<br />
Un peu après, descendit dans le « Ry », par le dessus, Arthur Coupienne<br />
qui, à l'arrivée des Allemands, s'était caché derrière un tonneau et venait maintenant<br />
se mettre plus en sûreté encore. Deux, trois heures après, s'amène par<br />
le dessous, ayant suivi le même chemin que nous, un des trois escapes du mur<br />
Laurent : Emile Cassart. C'est par lui que nous avons appris le drame sanglant<br />
qui s'était déroulé au-dessus de nos têtes.<br />
Le lundi matin, sont encore arrivés deux escapes de la fusillade : Alexandre<br />
Disy et Jules Mosty, ainsi que Frédéric Castiaux, qui venait de quitter la maison<br />
Capelle.<br />
Vers 8 heures du matin, à l'aide de la roue hydraulique, Arthur Coupienne,<br />
Frédéric Castiaux et Jules Mosty sont parvenus à remonter dans la brasserie.<br />
Quelque temps après, nous prîmes le même chemin. N'apercevant aucun Allemand<br />
rue Saint-Pierre, nous l'avons traversée et nous sommes montés de terrasse en<br />
terrasse sur la montagne, <strong>pour</strong> aboutir dans les bois de Malaise, où nous nous<br />
sommes tenus cachés deux jours, n'ayant à manger que des feuilles, et descen-<br />
, (1) Quelque temps après, Diffrang s'est caché dans la cave de la maison Houziaux et y a été rejoint par<br />
Hubert Gillain. Plus tard, il a lié son sort à celui des Gillain, Charlier, etc..<br />
(2) Le « Ry de Bruau » est un petit torrent qui descend de la montagne, alimente la brasserie Nicaise,<br />
passe sous la rue des Tanneries, traverse à ciel ouvert le jardin Himmer qu'il sépare de la propriété Laurent,<br />
glisse sous le quai de la Meuse et se jette dans le fleuve.