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documents pour servir a l'histoire

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t 12<br />

Vers le soir, des Allemands y mirent le feu. Après le départ des soldats, nous<br />

essayâmes d'arrêter les progrès de l'incendie, mais, une demi-heure après, une<br />

nouvelle bande jeta encore une fois des bombes qui communiquèrent derechef le<br />

feu à l'immeuble. En quête de nouvelles victimes probablement, ces soldats sont<br />

entrés dans le jardin ; mais nous étions cachées derrière des arbustes, ils ne nous<br />

aperçurent pas et nous en fûmes quittes <strong>pour</strong> la peur. De notre cachette, nous pûmes<br />

contempler toute la nuit l'incendie de notre quartier. Au milieu des hurlements<br />

poussés par ces barbares, on percevait de temps en temps un coup strident de sifflet<br />

et tout bruit cessait alors comme par enchantement.<br />

Le lendemain, de grand matin, nous avons voulu passer par le Collège<br />

communal ; mais, quand nous avons vu dans la cour les cadavres de quatre<br />

domestiques, nous n'avons pas osé aller plus loin. C'est alors que Léon Libert et<br />

Armand Paquet qui étaient avec nous (i), nous ont quittées <strong>pour</strong> se réfugier dans la<br />

montagne. Ils ont été tués l'après-midi.<br />

Vers 9 heures, il fallut bien nous montrer, et des soldats nous conduisirent<br />

chez les Pères blancs. En traversant la rue de Leffe, que l'incendie avait épargnée,<br />

nous vîmes les Allemands s'adonner à un pillage effréné de toutes les maisons ;<br />

mais le spectacle fut autrement lamentable devant l'Abbaye, où s'élevait le monceau<br />

de cadavres accumulés la veille.<br />

On nous permit de regagner nos foyers après trois jours de captivité. Pour<br />

nous comme <strong>pour</strong> beaucoup d'autres, cela consistait à retrouver des ruines<br />

fumantes encore. Je retrouvai dans la cave le cadavre de mon père, mais le<br />

matelas était en partie brûlé.<br />

Dans le rapport qu'on vient de^lire, M" e Longville raconte qu'elle vit<br />

quatre cadavres dans la cour du collège communal. C'est dans le récit de<br />

M. Urbain Douniaux, combiné avec celui de sa femme née Mathilde<br />

Toussaint et avec celui de son fils Maurice, que nous trouverons les détails<br />

suffisants <strong>pour</strong> reconstituer le crime.<br />

N° .là. Les Douniaux avaient passé la nuit du samedi au dimanche dans une cave de<br />

M. Lesuisse, en compagnie des Longville, de Georges Baré avec les siens et<br />

d'autres personnes encore. Le dimanche matin, tandis que les Longville rentraient<br />

chez eux, M me Urbain Douniaux, et son beau-frère Georges Baré, se rendirent chez<br />

le concierge du Collège communal, Adelin Dony, qui se tenait dans sa loge<br />

avec sa sœur Anna et deux domestiques, Nicolas Mercenier et Vicente Perez<br />

Villazo, ce dernier de nationalité espagnole (2.).<br />

Au bruit du canon, tout le monde est descendu dans la cave du pensionnat.<br />

Vers 14 heures, les Allemands ont frappé à la porte et, selon leur habitude, ils ont<br />

enfoncé celle-ci qui ne s'ouvrait pas devant eux. Ils ont eu bien vite fait de<br />

découvrir ceux qui étaient cachés dans le réduit obscur. Les deux femmes ont été<br />

repoussées avec violence sur le tas de charbon et séparées ainsi des hommes que les<br />

(1) Ils étaient arrivés chez M lle Sizaire le dimanche soir.<br />

U) Nous tenons de source autorisée que les Allemands, pendant la guerre, se sont mis en relation avec<br />

la famille de la victime et l'ont indemnisée. C'est reconnaître leur responsabilité.

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