19.07.2013 Views

documents pour servir a l'histoire

documents pour servir a l'histoire

documents pour servir a l'histoire

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

2l8<br />

blessés eux-mêmes ne sont pas épargnés (i), sauf ceux qui sont incapables de<br />

marcher, par exemple, Jules Toussaint, blessé au pied.<br />

Pendant cette nuit lugubre, trois des blessés qui avaient dû nous accompagner<br />

jusque là moururent sur l'herbe : le petit Bourguignon, âgé d'un an à peine,<br />

Norbert Bultot (fig. i85), fils, ainsi qu'Edmond Gustin (a). Comme je l'ai déjà dit,<br />

Norbert Bultot, père, succomba le surlendemain chez les Clarisses et Marguerite<br />

Gustin (fig. 180) expira le même jour, sans que sa mère pût rien faire <strong>pour</strong> elle,<br />

étant elle-même grièvement blessée. Ces cadavres furent enterrés dans le jardin<br />

tout proche d'Achille Delimoy. Louis Bourdon est mort quinze jours après à l'hôpital<br />

de Dinant.<br />

Lorsque les Allemands nous emmenèrent prisonniers au bord de la Meuse,<br />

mon vieux père, que ses jambes soutenaient à peine, ne put nous suivre; aussi, après<br />

quelques pas, il s'arrêta et laissa défiler le cortège. Quand tout le monde fut passé,<br />

il remonta péniblement chez nous et donna à boire à Aline Monin qui gisait toujours<br />

près de la maison. Elle parvint peu après à se traîner péniblement dans le corridor,<br />

où mon père la veilla toute la nuit.<br />

Pendant cette nuit, des Allemands ont demandé des renseignements à mon père<br />

et, voyant qu'il ne répondait pas à leurs questions, ils ont voulu le percer de leur<br />

baïonnette; mais Louis Florin, qui de l'endroit où il se trouvait, assistait à cette<br />

scène, cria tout indigné aux soldats : « Mais laissez donc ce vieillard, vous voyez<br />

bien qu'il ne vous comprend pas ».<br />

Le lendemain matin, voyant Louis Florin, mon père s'est approché de<br />

lui et lui a demandé quel était ce cadavre qui reposait à côté de lui. « Mais ne le<br />

reconnaissez-vous pas, lui demanda Florin, c'est votre petit-fils Maurice ! » Alors<br />

mon pauvre père ayant appris que mon mari avait aussi été tué, demanda à mon<br />

oncle Hubert Houbion, qui vint à passer, de transporter le corps de Saturnin à la<br />

maison, ce qu'il fit, tandis que Léon Wiart y apportait celui de mon fils Maurice.<br />

Le lundi soir, vu l'état de mon fils Georges, les soldats me permirent de<br />

rentrer chez moi. J'y trouvai mon père, octogénaire, dans la cuisine, en prière<br />

entre les deux cadavres !...<br />

En voyant cette scène, mon fils, que je portais dans les bras, poussa des cris<br />

déchirants et ne voulut pas rester dans la maison. Je le transportai chez les Sœurs<br />

Clarisses, où il fut charitablement pris en traitement.<br />

(1) Voici ce que raconte dans sa déposition un d'entre eux, Albert fleurât, qui avait dû abandonner à<br />

Neffe les cadavres de sa femme et de ses trois enfants (fig. 187 à 189) : « Pour gravir la Montagne de la<br />

Croix, Raoul Florin et Halloy ont dû me tirer. Tandis que la masse des civils passait la nuit dans une prairie<br />

proche de la ferme, on me conduisit avec les prisonniers français dans les greniers du château d'Herbuchenne.<br />

Le lendemain, on m'installa sur un chariot qui me transporta jusqu'à Melreux : j'étais étendu sur de la<br />

paille, sans bouger... un officier de temps en temps venait me piquer avec sa baïonnette <strong>pour</strong> s'assurer que je<br />

n'étais pas mort...<br />

A Melreux, il me fut impossible de monter en wagon. Les soldats s'en sont aperçus, et, à deux, ils m'ont<br />

saisi, balancé, et jeté comme une gerbe de paille.<br />

Le lendemain de mon arrivée à Cassel, on me transféra à l'hôpital. J'y demeurai jusqu'au 16 octobre,<br />

date à laquelle on me renvoya, encore que je ne fusse pas guéri. »<br />

(2) Edmond Gustin mourut encore avant le départ de son père <strong>pour</strong> Cassel. Celui.-ci déposa le cadavre<br />

de son fils dans le jardin Delimoy, et partit prisonnier abandonnant sa femme blessée et sa fille mourante I

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!