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documents pour servir a l'histoire

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22.3<br />

L'ordre fut alors donné aux hommes de se porter en avant, et aux femmes<br />

de rester en arrière. On fit passer l'eau à environ soixante-cinq hommes de<br />

Neffe. C'était la contribution de ma paroisse au groupe des quatre cents prisonniers<br />

dinantais conduits à Cassel. Parmi eux se trouvait entre autres le pauvre<br />

M Meurat qui était lui-même blessé, et qui avait perdu sous l'aqueduc sa femme<br />

et ses trois petits enfants !<br />

Débarqué aux Rivages, près du Rocher Bayard, un officier supérieur m'interpelle<br />

: « Monsieur le Curé. Sur le côté. » Quand tous les prisonniers eurent défilé, il<br />

me dit : « Vous êtes le Curé de Neffe? — Oui, Commandant. — Je suis major, dit-il.<br />

— Excusez-moi. — Que pensez-vous de la journée, Monsieur le Curé? — De quoi<br />

voulez-vous parler, Major? — Mais, Monsieur le Curé, les civils ont tiré sur nous!<br />

— Si les civils ont tiré sur vous, répliquai-je, je l'ignore complètement, ayant passé<br />

la journée dans la cave, avec ma famille; s'ils l'ont fait, du reste, je suis le premier<br />

à les en blâmer hautement, mais je suis convaincu qu'aucun de mes paroissiens n'a<br />

tiré. Tous avaient remis leurs armes à la maison communale. — Si, Monsieur le<br />

Curé, ils ont tiré! — Major, je suis certain qu'ils n'ont pas tiré. Ce sont les Français<br />

qui ont tiré des hauteurs et de quelques maisons à mi-côte. Quant à moi, dans mes<br />

dernières prédications, j'ai bien recommandé à mes paroissiens de ne poser aucun<br />

acte d'hostilité envers l'ennemi, et éventuellement de faire un accueil correct aux<br />

armées envahissantes. — Monsieur le Curé, je vais vous faire reconduire à votre<br />

presbytère. Nous ne faisons pas de prêtres prisonniers. » Cet officier, probablement<br />

le même qui a relâché mon confrère des Rivages, me mena jusqu'au pont de bateaux<br />

qu'on était occupé à construire. Il parla à un officier supérieur, se retourna vers<br />

moi, me salua, puis regagna son groupe. Un lieutenant s'approcha de moi alors et<br />

me dit : « Monsieur le Curé, je vous accompagnerai avec deux soldats ».<br />

De retour sur l'autre rive, en me revoyant, ma sœur et ma nièce demandèrent<br />

à pouvoir m'accompagner. Cette permission leur fut accordée, et à 23 h. 3o nous<br />

rentrions au presbytère. L'officier resta avec nous jusqu'au matin, et empêcha par<br />

sa présence les nombreux soldats qui se présentaient de dévaliser la maison et de<br />

nous faire un mauvais coup. Ce lieutenant nous déclina son nom. Il était de<br />

Dresde, s'appelait Drude et appartenait au 12 e Pionniers. Il nous dit aussi que<br />

l'officier qui m'avait fait mettre en liberté aux Rivages était le colonel von<br />

Deggenhardt. L'après-midi, ma nièce ayant été appelée chez les Clarisses <strong>pour</strong><br />

<strong>servir</strong> d'interprète entre les médecins allemands et les blessés français, ma sœur<br />

et moi nous l'y suivîmes et, munis d'un brassard de la Croix-Rouge, il nous fut<br />

permis de circuler. Ce fut le général von Rômer qui autorisa l'établissement de<br />

cette ambulance privée.<br />

Ce même jour mourut d'émotion et de frayeur la vieille Victorine Delimoy,<br />

âgée de 81 ans, épouse d'Henri Toussaint.<br />

L'ambulance établie chez les Sœurs Clarisses (fig. at4, n° ta) soigna 65 blessés<br />

français et i5 civils. Trois autres ambulances fonctionnèrent encore sur la paroisse :<br />

chez Mathieu (8 Français), chez Lambert (tt Français) et chez Culot (t6 Français).<br />

Le mercredi, 26 août, un dernier meurtre fut perpétré sur le territoire de<br />

Neffe-Dinant. Un nommé Emile Eugène, de Fosses, fut tué à Mouchenne par les<br />

Allemands.

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