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documents pour servir a l'histoire

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des sacs à avoine au moyen de boîtes à conserves ramassées sur le champ. On<br />

recommence alors à nous fouiller et à nous prendre l'argent que certains avaient pu<br />

cacher la veille. Ces recherches se font sur l'ordre et sous la surveillance du capi'*<br />

taine, qui circule et, revolver au poing, ne cesse de nous menacer. Enfin, à midi,<br />

on nous achemine vers la route de Ciney, par le chemin qui mène à la ferme du<br />

Chesnoy. Avant de quitter Herbuchenne, nous avons été rejoints par différents<br />

groupes de civils, pris le matin. Les Allemands les fouillaient et les dévalisaient<br />

aussi avant de les confondre avec nous. Nous passons par le hameau de Geme'<br />

chenne, presque entièrement brûlé; puis à Sorinne, complètement réduit en cendres,<br />

sauf l'église, le château et une ferme.<br />

Tout le long de la route, nous croisons des troupes et des charrois qui défilent<br />

en bon ordre, notamment les fourgons du 106 e R. I. R. et la Feldpost. Partout des<br />

injures et des menaces nous sont adressées : on nous fait signe qu'on va nous<br />

fusiller, nous couper le cou, nous pendre. Des ordures nous sont jetées à la tête, on<br />

nous crache à la figure. Un artilleur va même jusqu'à distribuer des coups de<br />

cravache à ceux qui passent à sa portée. Jusqu'à notre embarquement à Melreux, il<br />

en sera ainsi partout où nous rencontrerons des troupes.<br />

A Achêne, où l'on s'arrête deux heures, on nous sert une soupe assez consist<br />

tante, versée dans les boîtes à conserves que nous avions gardées. Nous y rencon-trons<br />

des prisonniers français, mais il nous est interdit de communiquer avec eux.<br />

Nous voyons bientôt arriver un autre groupe de prisonniers dtnantais qui ont<br />

quitté les Rivages le matin même. La caravane, toujours plus nombreuse, se remet en<br />

route. En traversant le petit bois, près de la ferme de Liroux, les soldats au lieu de<br />

nous encadrer comme la veille, se mettent en file au milieu de la colonne des<br />

prisonniers qui marchent par rangs de quatre. Cette précaution était prise,<br />

croyons^nous, parce qu'un groupe de soldats français se trouvait encore dans la<br />

contrée. En cas d'alerte les balles auraient été <strong>pour</strong> les civils qui devaient <strong>servir</strong> de<br />

boucliers aux soldats allemands. On arrive près de Conjoux (t) à la tombée du jour.<br />

Dans un champ de froment, près de la ferme de Brie, le campement est organisé<br />

et, au nombre de quatre cents environ (2), nous sommes rangés en cercle sur<br />

quatre rangs de profondeur, sévèrement gardés par des sentinelles devant et derrière<br />

nous. Défense de se lever ou de parler sous quelque prétexte que ce soit. Ceux qui<br />

enfreindront la consigne seront fusillés.<br />

Parmi les quatre cents et quelques civils qui composaient notre groupe, il y<br />

avait M. Defoin, bourgmestre de Dînant ; l'échevin Sasserath ; le conseiller<br />

communal Malaise, âgé de plus de jo ans. Le tribunal était aussi largement<br />

(1) Conjoux est une dépendance de la commune de Conneux.<br />

(2) Le groupe des prisonniers dïnantais devait comprendre en ce moment 426 civils, dont 416 passèrent à<br />

Cassel trois mois de dure captivité. Cinq enfants furent relâchés le mardi ; le fils Gousou s'esquiva le même jour.<br />

Fernand Toussaint et Georges Schlernitsaner moururent à Conjoux. Le père Leneî fut tué en cours de route et<br />

Camille Lambert, avocat et juge suppléant, tombé malade, fut transporté dans un hôpital, à Halle, et ne rentra<br />

en Belgique qu'en janvier 1915.<br />

De ces 416 civils prisonniers, 280 environ étaient Dtnantais. Les autres étaient d'Anseremme ou de Neffe.-<br />

Anseremme (67) ; il y avait un Bouvignois et deux habitants de Celles, pris à Dinant. Depuis leur retour,<br />

(novembre 1914), trente au moins sont morts actuellement (janvier 1921).<br />

Vi

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