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documents pour servir a l'histoire

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Dans le rapport du Père Prieur de l'abbaye de Leffe, il est fait allusionà<br />

la mort de M. Charles Naus, assassiné aux pieds de sa femme. C'est<br />

celle-ci, née Marie Louis, qui va nous raconter elle-même dans quelles<br />

circonstances fut accompli le crime.<br />

N° 419. Le dimanche 23 août, nous nous étions cachés dans la cave de notre maison,<br />

rue Longue de Leffe, n° 5. Joseph Junius vint nous y rejoindre, avec sa femme, sa<br />

petite-fille et son beau-père Jules Laloux, âgé de j6 ans.<br />

La bataille grondait toujours, lorsque nous entendîmes un grand fracas du côté<br />

de la maison Ronvaux. C'était les Allemands qui, <strong>pour</strong> ne pas s'exposer aux balles<br />

françaises, pratiquaient un trou dans le mur de la maison voisine, <strong>pour</strong> pénétrer de<br />

là dans la nôtre et ainsi, à l'abri, tirer sur l'autre rive. Effrayés, nous nous sommes<br />

réfugiés au rez-de-chaussée, dans l'aile du logis qui se trouve du côté de la Meuse<br />

(fig. 210, n° 35).<br />

Mais les soldats se répandaient dans toute l'habitation, brisant portes et<br />

fenêtres. Mon mari, Charles Naus (fig. 62.), crut mieux faire alors de se rendre, et,<br />

ouvrant toute grande la porte qui donne sur la cour, il se présenta aux Allemands, les<br />

bras levés. Il n'avait pas fait un pas en avant, qu'un officier l'abattit à bout portant,<br />

et il tomba à mes pieds.<br />

Alors les soldats, sous la menace du revolver, nous forcèrent à les suivre et<br />

nous entraînèrent vers l'Abbaye. Devant la maison Servais j'aperçus un grand tas de<br />

cadavres : c'étaient les premières victimes du matin. Deux innocents allaient sous<br />

mes yeux en accroître le nombre. M me Junius et sa fille venaient à peine d'entrer<br />

au couvent et j'allais les y suivre, lorsque je vis tomber, sous les balles des assassins<br />

le vieux Laloux et Joseph Junius (fig. 39).<br />

Je restai jusqu'au vendredi prisonnière chez les Prémontrés. Je retrouvai ma<br />

maison pleine de soldats, et ceux-ci manifestaient leur intention d'y mettre le feu.<br />

Ils allaient exécuter leur dessein, lorsque, sur ma demande, un officier leur enjoignit<br />

d'éteindre l'incendie et chassa de chez moi tous les soldats.<br />

Je ne savais ce que les meurtriers de mon époux avaient fait de son cadavre,<br />

lorsque, quelques jours après, je constatai que le chien de chasse de mon mari<br />

remuait toujours la terre du jardin à la même place. Soupçonnant quelque chose,<br />

je fis appeler mon voisin Henri Schram qui, en creusant le sol, trouva deux sacs.<br />

On les ouvrit, et on en retira le cadavre de mon mari coupé en deux...<br />

Je n'avais pas seulement la mort de mon époux à pleurer, j'avais à porter le<br />

deuil de neuf proches parents fusillés en cette journée du 23 août 1914 : tout d'abord<br />

mon mari, Charles Naus, comme je l'ai rapporté plus haut; puis mon frère, Désiré<br />

Louis (fig. 37), et ses deux fils (fig. 36 et 38), tombés devant l'Abbaye ; ensuite mon<br />

beau-frère, Joseph Lion-Naus (fig. 42) et son fils Charles, tués dans une cave, en<br />

face du collège communal; enfin mon frère Xavier Louis et son fils Benjamin, tués<br />

au mur du jardin Laurent,

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