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documents pour servir a l'histoire

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Allemands ont emmenés. Les quatre victimes ont été exécutées quelques instants<br />

après dans la petite cour du pensionnat. Les cadavres y furent provisoirement<br />

enterrés.<br />

Le rapport de Jean Delaey est une nouvelle preuve qu'à l'heure où,<br />

d'après le récit du Livre Blanc, l'artillerie bombardait Dinant, les troupes<br />

allemandes circulaient dans toutes les rues, <strong>pour</strong>suivant leur chasse à<br />

l'homme.<br />

N° 419. Ma sœur Mathitde étant restée chez ma tante à Leffe (1), je me trouvais rue<br />

Saint-Pierre avec ma mère et mon frère Philippe (2). Nous avons passé la nuit du<br />

samedi au dimanche dans une espèce de cave-remise, au fond de notre petite cour,<br />

et nous y sommes restés toute la journée du dimanche. De notre cachette, nous ne<br />

pouvions rien voir et nous ne nous rendions nullement compte de ce qui se passait.<br />

Vers 17 heures, entendant casser les vitres et enfoncer les portes, mon frère et<br />

moi nous faisons nos adieux à notre mère et nous nous sauvons dans la montagne (3),<br />

où nous allons nous cacher dans la tour carrée (4). Six personnes s'y trouvaient déjà :<br />

Corbisier père, sa femme, ses deux filles et son fils Frédéric, ainsi que Joseph<br />

Compart. Quelque temps après, nous voyons affluer des personnes affolées, qui<br />

prétendent avoir vu les Allemands tuer des civils. Comme toutes ces femmes se<br />

lamentent et que les enfants pleurent, les Corbisier, dans la crainte de voir arriver<br />

des soldats attirés par le bruit, descendent dans leur maison, et je les suis avec<br />

mon frère Philippe.<br />

Mal nous en prit. Car nous y étions à peine arrivés, que deux soldats surgissent<br />

et nous mettent en joue. Ils nous obligent à lever les mains et nous font descendre<br />

dans la rue Saint-Pierre, près de l'usine à gaz. Là, les Allemands se consultent,<br />

puis mettent les femmes à part et conduisent les quatre hommes, Corbisier et son<br />

fils, Philippe et moi, devant la porte de l'usine. Un officier se présente : je veux<br />

m'approcher de lui, mais il me renvoie. Corbisier lui crie en flamand que l'usine<br />

est allemande et que nous en sommes des ouvriers : <strong>pour</strong> toute réponse, il nous<br />

fait ranger contre le mur. Les soldats mettent un genou en terre; un coup de sifflet<br />

retentit : les soldats tirent. Nous tombons tous les quatre.<br />

Trois avaient été tués sur le coup (5); quant à moi je n'étais que blessé. J'ai<br />

(t) Nous avons déjà donné sa déposition. (Rapport n° 406).<br />

(2) Son père était mort depuis plusieurs années, et ses deux frères aînés étaient soldats.<br />

(3) Lorsque les Allemands sont arrivés, la mère s'est cachée sous un grand fauteuil et n'a pas été<br />

découverte. Quand elle a vu qu'on mettait le feu à des maisons, elle s'est blottie dans un coin de la cave, où elle<br />

est restée trois jours sans boire ni manger. Le mercredi, sa fille Mathilde l'y a retrouvée et a eu toutes les<br />

peines du monde à la conduire jusqu'à l'église de Leffe, où on l'a étendue sur un matelas. (D'après le rapport<br />

rédigé par la Vve Delaey elle-même).<br />

(4) Voir note page 109.<br />

(5) Le mercredi, Eugène Cassart, chauffeur à l'usine à gaz, fut conduit par les Allemands à l'usine <strong>pour</strong><br />

éteindre !e charbon qui y brûlait encore. Sous les coups de crosse, il fut obligé de jeter dans les flammes le<br />

cadavres de Philippe Delaey et des Corbisier, père et fils. (Adolphe Terwagne lui avait été adjoint <strong>pour</strong> cette<br />

pénible besogne.; A la suite des coups reçus il a dû subir une opération, mais ne s'est jamais complètement<br />

remis et a fini par succomber le z juillet tçtô.<br />

n3<br />

8

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