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documents pour servir a l'histoire

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dernière hypothèse est vraisemblable, car peu de temps après, vers 2t h. 3o, un<br />

groupe nombreux de soldats dévalèrent de la chaussée de Ciney et se répandirent<br />

dans la rue Saint-Jacques vociférant comme des démons, tirant à droite et à gauche,<br />

brisant les vitres, enfonçant les portes et jetant dans les maisons des bombes qui<br />

propagèrent l'incendie (t). Depuis la ferme d'Achille Stéphenne (fig. 214, n° 5o^,<br />

bâtie un peu au-dessus du « Pont d'Amour », jusqu'à la maison de Jadot, la grange<br />

Piérard (2.) y comprise, presque toutes les habitations de la rue Saint-Jacques furent<br />

brûlées; on parvint à circonscrire l'incendie grâce aux pompes qui furent amenées<br />

aussitôt après le départ des Allemands (3). Le vaste immeuble dénommé « La Cité »<br />

(fig. 2.14, n° 5i, et fig. 92), et abritant une dizaine de familles ouvrières, ne fut pas<br />

épargné et dans une des caves on retrouva les cadavres carbonisés de Thérèse<br />

Michel, de son fils Hyacinthe et de deux neveux, Joseph et Noël Petit (4). Dans une autre<br />

cave, on découvrit le corps d'Adelin Georges, lui aussi consumé par les flammes (5).<br />

Les unités allemandes ayant pris part au sac de la rue Saint-Jacques que<br />

le Livre Blanc appelle une « reconnaissance en force » (6), appartenaient au<br />

II e bataillon du régiment des fusiliers n° 108 qui opérait conjointement avec la<br />

t re compagnie du bataillon des pionniers n° îa (7).<br />

Les rapports de ces deux régiments et ceux de quelques soldats ne font pas<br />

mention de la présence de troupes françaises sur la rive droite, mais parlent<br />

uniquement des exploits des « civils sans insignes militaires qui tiraient des<br />

maisons ». Ces dépositions sont en complet désaccord avec d'autres témoignages<br />

allemands, car l'état-major du XII e corps dit explicitement dans son Journal de<br />

guerre que « le II e bataillon du régiment des fusiliers n° 108 avait, par une<br />

attaque brusque de nuit, réussi à rejeter l'ennemi au-delà de la Meuse » (8).<br />

Comme le fait très bien remarquer M. Tschoffen : « Pour repousser l'ennemi<br />

au-delà d'un fleuve, la première condition est de l'avoir rencontré en deçà (9) ».<br />

L'affirmation de l'état-major du XII e corps est aussi erronée que la légende des<br />

francs-tireurs, car depuis le 17 août, de l'aveu même du Ministère de la Guerre<br />

(t) « Alors retentit le commandement : Enfoncer les portes des maisons et brûler! Nous travaillâmes<br />

fortement à coups de crosse et enfonçâmes toutes les portes et fenêtres. Puis les sapeurs du génie se mirent à<br />

l'œuvre. Ils lancèrent les grenades incendiaires dans les maisons. Ce ne fut pas long : des rangées entières de<br />

maisons flambèrent, Les flammes s'élancèrent par les fenêtres et illuminèrent la nuit. Nous battîmes en retraite.<br />

Toutes les maisons devant lesquelles nous passâmes furent aussi incendiées. Nous avions aîleini noire but. »<br />

Carnet du soldat Paul Fôrster du 108 6 régiment de fusiliers Prince Georges, reproduit par J, Bédier dans<br />

Comment l'Allemagne essaye de justifier ses crimes, p. 37 et 38.<br />

(1) Ancienne église Saint-Jacques.<br />

(3) Camille Puissant, Jules Adam et Joseph Gonze, entre autres, se dévouèrent à cette besogne.<br />

(4) Victor Coupienne, qui habitait derrière ta Cité, entendit la femme Michel crier à travers le mur :<br />

« Sauvez-vous, les Allemands nous ont enfermés et ont mis le feu à la maison. » Coupienne et les siens se sont<br />

cachés dans une grange et de là ont entendu, jusque vers zz heures, les cris affreux de la famille Michel, puis<br />

plus rien... Le lendemain, on a retrouvé dans les décombres les quatre corps carbonisés.<br />

(5) Il était le fils d'Auguste Georges, tué le même soir rue Saint-Pierre.<br />

(6) Aperçu général, p. 117.<br />

(7) Annexes 1, z, 3, 4, 5, 59, 60, 61.<br />

(8) Annexe 1.<br />

(9) Le sac de Binant et les légendes du Livre Blanc allemand, p. 76* L'auteur y réfute les dépositions allemandes<br />

auxquelles nous nous contentons de faire allusion.

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