19.07.2013 Views

documents pour servir a l'histoire

documents pour servir a l'histoire

documents pour servir a l'histoire

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

t58<br />

fusils ces innocents et invectivent les faibles surtout : « Cochons de<br />

Belges, lâches de Belges, s'écriaient-ils, vous avez tué nos hommes, à<br />

votre tour maintenant! (i) ». Des soldats transportaient à ce moment sur<br />

un matelas un officier blessé, à moustache déjà blanche et la tête bandée.<br />

Il doit avoir fait une profonde impression, car toutes les dépositions<br />

consignent sa présence. « Il était comme un enragé, écrit M me Roba,<br />

il avait l'écume à la bouche, il nous insultait, et crachait sur nous. « Sales<br />

chiens de Belges » disait-il, en nous montrant le poing (2). »<br />

Lorsque le cortège eut dépassé le mur Tschoffen, on le scinda, et<br />

les Allemands poussèrent vers la prison les personnes qui se trouvaient<br />

en tête. C'est ainsi que Camille Mascart, Camille Fisette, Arthur Thomas<br />

et quelques femmes entrèrent dans la maison d'arrêt. Mais Camille<br />

Fisette inquiet d'être séparé de sa femme, qui était restée en arrière,<br />

sortit, malgré les recommandations de M. Sasserath, et fut tué quelques<br />

instants plus tard au mur Tschoffen.<br />

§ 8. — L'hécatombe du mur Tschoffen.<br />

Le gros du cortège s'arrêta à hauteur des maisons Waeyens et<br />

Herbecq. C'est alors qu'on sépara les hommes des femmes et des enfants.<br />

Il est impossible de décrire cette scène déchirante entre toutes. Les dépositions<br />

que nous avons sous les yeux sont sobres de phrases, mais combien<br />

émouvantes dans leur laconisme !<br />

Nous devons forcément renoncer à reproduire ici tous les passages<br />

qui redisent les adieux déchirants d'un mari à sa femme, d'un fils à sa<br />

mère, d'un père à ses petits enfants. Nous ne pouvons cependant laisser<br />

dans l'ombre quelques-uns de ces derniers entretiens ; ils peignent trop<br />

bien les sentiments de ces pauvres gens à l'heure suprême où, innocents<br />

du crime dont on les accuse, ils vont payer de leur vie la fantaisie barbare<br />

d'un peuple <strong>pour</strong> qui la force prime le droit !<br />

Au moment de se séparer de moi, mon mari, raconte la femme de Jules Gillet,<br />

m'a embrassée et m'a dit : « Tu penseras à moi. Tu diras quelquefois une prière<br />

<strong>pour</strong> moi ». Puis il m'a rendu ses papiers et son argent. J'ai voulu lui rendre<br />

20 francs. « Inutile, m'a^t-il répondu, je n'en aurai plus besoin. » A ce moment les<br />

soldats m'ont séparée de lui à coups de crosse.<br />

(1) Témoignages d'Henriette Jaumot et de M me Jules Giliet.<br />

(2) Plusieurs se demandent si cet officier transporté sur une civière ne jouait pas la comédie, « car,<br />

comme le fait judicieusement remarquer dans sa déposition M me Jules Lemineur, comment un homme sérieux<br />

sèment blessé, <strong>pour</strong>rait-il se livrer à des mimiques semblables à celles que fit cet officier? »

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!