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documents pour servir a l'histoire

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père, mère, enfants, servantes, braquant des revolvers, abreuvant ces innocents des<br />

pires injures, brandissant des haches avec lesquelles ils venaient de défoncer les portes<br />

et les fenêtres, et allant même, l'un d'eux, jusqu'à saisir à la gorge M me Poncelet.<br />

En vain chercha-t-on à convaincre les scélérats qu'il n'y avait pas d'armes dans la<br />

maison, en vain grands et petits demandèrent-ils pitié; invariablement l'officier,<br />

chef de la bande, répondait : « Pas de pitié <strong>pour</strong> les hommes ! »<br />

Escortée par ces bandits en armes, la famille Poncelet tout entière fut d'abord<br />

conduite dans la rue de Leffe, mais aussitôt l'officier qui commandait le peloton<br />

donna ordre de faire remonter tout le monde et l'on s'arrêta dans le vestibule de<br />

la maison.<br />

A la violence qui avait marqué le premier contact avec la famille Poncelet<br />

avait succédé tant chez l'officier que chez les soldats un calme tout au moins<br />

apparent. On parlementa. M' Poncelet proposa de faire appeler une personne<br />

parlant la langue allemande <strong>pour</strong> faciliter les explications. Le commandant refusa,<br />

continuant à dire, comme il l'avait fait précédemment, qu'il n'y avait pas de pitié<br />

<strong>pour</strong> les hommes. Victor Poncelet offrit tout ce qu'il avait dans la maison, on ne<br />

voulut rien entendre. L'infortuné fit alors valoir qu'il était père des sept enfants<br />

qui l'entouraient et tendant au militaire son carnet de mariage, il lui dit : « Vous<br />

n'allez cependant pas tuer le père de ces petits innocents. » Pour toute réponse, la<br />

brute saxonne jeta le livret sur les dalles du corridor, proférant toujours sa menace<br />

« pas de pitié <strong>pour</strong> les hommes. » Au même instant, cet officier scélérat prit le<br />

fusil des mains du soldat qui était à ses côtés, et, avec le sang-froid d'un criminel<br />

de race, en présence de l'épouse et des sept enfants, il abattit d'une balle l'infortuné<br />

père de famille (t).<br />

Son forfait accompli, le commandant donna ordre de conduire sous escorte la<br />

malheureuse veuve et ses enfants à l'abbaye de Leffe transformée en prison (2).<br />

Sur la place de l'Abbaye gisaient les cadavres des civils que les hordes saxonnes<br />

avaient déjà assassinés. Voyant ce terrifiant spectacle, les enfants Poncelet dirent à<br />

leur mère : « Maman, voilà où Ton va nous tuer! »<br />

Le mardi, étant prisonnier à l'école régimentaire, grâce à la pressante intervention<br />

du consul de Hollande, M. van Ryckevorsel, j'obtins l'autorisation de sortir<br />

de prison quelques heures, <strong>pour</strong> enterrer mon frère. J'étais accompagné de six<br />

soldats saxons, baïonnette au canon. Je retrouvai le cadavre de Victor dans le<br />

corridor et, après avoir entouré son corps de couvertures, je l'étendis dans une<br />

fosse qu'un soldat avait creusée dans le jardin (3).<br />

(1) Angèïe Ravet, cachée avec d'autres personnes dans les souterrains de la maison Poncelet, y fut<br />

prise le soir par les Allemands. Voici ce qu'elle ajoute dans sa déposition : « ...J'ai vu un homme tué (c'était<br />

le cadavre de Victor Poncelet.) Dans la chambre à côté, les Allemands jouaient du piano et buvaient du vin.<br />

Tout était cassé ! »<br />

(2.) Il s'agit probablement de Victor Poncelet dans le récit de cet officier saxon du 178 e que publie<br />

M. Bedier et dont nous ne donnerons que l'extrait suivant : « Nous pénétrons, par une brèche pratiquée par<br />

derrière, dans la propriété d'un habitant aisé, et nous occupons sa maison. A travers un dédale de pièces nous<br />

atteignons le seuil. Là, le corps gisant du propriétaire. A l'intérieur, nos hommes ont tout détruit, comme des<br />

Vandales. » Les crimes allemands d'après des témoignages allemands, p. n.<br />

(3) Adèle Fècherolïe, veuve Joseph Coupienne, déclare dans sa déposition qu'elle a accompagné M. van<br />

Ryckevorsel <strong>pour</strong> enterrer le cadavre de Victor Poncelet et que c'est en effet le frère de la victime qui procéda<br />

à l'inhumation.<br />

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