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documents pour servir a l'histoire

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IV. — Les prisonniers de Leffe.<br />

Nous avons vu, le dimanche, les Allemands enfermer les femmes et<br />

les enfants à l'abbaye des Prémontrés. Dès le lundi matin, les hommes de<br />

Leffe qui avaient échappé à la balle homicide, étaient conduits à l'école<br />

régimentaire ; l'après-midi, arrivèrent les civils faits prisonniers dans le<br />

quartier du Palais de Justice, et, le lendemain, ceux du faubourg Saint-<br />

Nicolas. Il nous reste à dire ce qui se passa tant à l'abbaye qu'à l'école<br />

régimentaire les jours qui suivirent le sac de la ville, et notamment ce<br />

qui advint du groupe des ecclésiastiques sur lesquels les Allemands se<br />

plurent à déchaîner leur colère.<br />

N° 5o«. "Rapport du Père Adrien Borrelly, prieur de l'abbaye des Prémontrés à Leffe.<br />

Le lundi 24 août, vers les to heures du matin, un groupe de soldats saxons fait<br />

irruption dans l'abbaye. En un clin d'oeil les cloîtres, les parloirs, les lieux réguliers<br />

sont envahis et toutes les issues gardées militairement. L'officier, qui commande ces<br />

énergumènes, aborde le Père Abbé et, braquant sur lui son revolver, lui annonce<br />

qu'il est prisonnier. Il prétend que le couvent est un refuge de francS'-tireurs, qu'il<br />

va perquisitionner partout et que, si on trouve une arme quelconque, tous les<br />

religieux et les civils seront fusillés !<br />

Aussitôt les soldats, armés de haches, se répandent dans toute la maison, de la<br />

cave au grenier; ils enfoncent les portes, éventrent les meubles, renversent les<br />

bibliothèques et fouillent les lits à coups de baïonnette. C'est un vacarme d'enfer,<br />

car, au bruit des coups de hache, des armoires brisées et des vitres qui volent en<br />

éclats, se mêlent les ordres stridents des officiers et les cris sauvages des soldats.<br />

Ils finissent par trouver dans une table de nuit un vieux pistolet rongé par la<br />

rouille, dont personne dans la maison ne connaissait la présence. A la sacristie, ils<br />

découvrent la hallebarde du suisse. Le crime était prouvé : les religieux avaient tué<br />

des soldats allemands avec ces armes.<br />

Mais une preuve plus manifeste encore de la culpabilité des religieux est<br />

découverte au grenier. Là, sous un amas de ferrailles et d'ustensiles hors d'usage,<br />

gisait une vieille lampe formée de l'enveloppe d'un obus de 1870. Elle portait encore<br />

le bec <strong>pour</strong> la mèche à l'huile, mais surtout une couche de peinture aux trois<br />

couleurs françaises à peine visibles. Plus encore que la hallebarde et le pistolet,<br />

cette lampe est la preuve de la culpabilité des religieux.<br />

Notre dernière heure semble arrivée. On se donne mutuellement l'absolution<br />

et l'accolade d'adieu, tandis que, autour de nous, les prisonnières se lamentent et<br />

pleurent sur notre sort. Pendant ce temps, les officiers se consultent entre eux.<br />

Soudain, un ordre bref est donné aux soldats qui se mettent en marche vers la porte<br />

d'entrée et on ordonne à tous les religieux de les suivre. Allons^nous être fusillés<br />

sur tes cent vingt cadavres gisant déjà devant l'abbaye ? Non 1 la colonne tourne à<br />

gauche. Nous la suivons à travers les rues encombrées de chariots, de cavaliers et<br />

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