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documents pour servir a l'histoire

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moment, ni même le jour de leur mort, car les témoignages directs manquent.<br />

Très probablement cependant leur cachette ne les abrita que fort peu de temps et<br />

la nuit du dimanche ne les trouva plus en vie.<br />

Dans sa précipitation, le frère Herman-Joseph avait négligé de masquer ses<br />

mouvements. Il était descendu dans le canal souterrain par l'ouverture du jardin<br />

extérieur de l'Abbaye. Des maisons voisines où ils étaient installés, et des hauteurs<br />

toutes proches qu'ils occupaient, les Allemands surprirent probablement la manœuvre<br />

et l'apprécièrent défavorablement (t).<br />

Un officier très irrité accourut à l'Abbaye avec des soldats et ne connaissant<br />

pas ou très peu le français, il criait : l'eau, l'eau ! On supposa qu'il demandait à<br />

boire et on s'empressa d'aller chercher de la bière ; le frère Norbert lui apporta<br />

même une bouteille de vin. L'officier, à la vue de la bouteille, entra dans une<br />

fureur extrême et menaça le religieux de son revolver, puis il se dirigea vers le<br />

jardin extérieur. On comprit plus tard qu'il avait demandé à être conduit à l'ouverture<br />

du ruisseau. Les soldats se précipitèrent dans le canal à la <strong>pour</strong>suite des fugitifs.<br />

Les rejoignirent-ils? Il semble que non, car sur ces entrefaites les soldats obligèrent<br />

l'étudiant Marcel Barbut, puis plus tard le frère Eugène à descendre avec eux<br />

dans le souterrain et ils ne les y trouvèrent pas. Les deux religieux ont dû se<br />

diriger vers la Meuse et cette supposition est d'autant plus vraisemblable qu'ils<br />

avaient, comme on l'a dit plus haut, manifesté à leurs confrères leur dessein de passer<br />

le fleuve à la nage afin d'arriver dans les lignes françaises. Il est probable qu'ils<br />

profitèrent de la tombée de la nuit <strong>pour</strong> exécuter leur projet, mais que malgré<br />

l'obscurité leur habit blanc les trahit et attira l'attention des soldats qui passaient {%).<br />

Si le crime avait eu lieu dans le souterrain même dont l'ouverture de ce côté<br />

est à 5o mètres au moins de la Meuse, on ne s'expliquerait pas comment les corps<br />

seraient arrivés jusqu'au fleuve, les eaux du canal en août 1914 étant trop peu abondantes<br />

<strong>pour</strong> les entraîner. D'autre part, dans la soirée du z3, après le versement<br />

des 15,000 francs, lorsqu'un peu de calme sembla s'établir dans l'Abbaye et que la<br />

menace de l'incendie parut conjurée, le frère Norbert descendit dans le souterrain<br />

<strong>pour</strong> en prévenir le père Nicolas et le frère Herman'-Joseph et <strong>pour</strong> les engager à<br />

remonter. Il s'avança muni d'une lampe électrique, et appela très fort ses confrères.<br />

Les échos des voûtes silencieuses portaient au loin sa voix. Il n'eut pas de réponse<br />

Tout porte à croire qu'ils n'étaient plus là. Ils auront passé la Meuse, supposa le<br />

frère Norbert. Hélas non ! ils devaient tomber sous le fer meurtrier ou sous les<br />

balles des assassins.<br />

Pendant toute la soirée les prisonnières affluent toujours plus nombreuses à<br />

l'Abbaye et le récit de chacune d'entre elles nous fait entrevoir davantage l'étendue<br />

(1) Le père Nicolas s'était laissé glisser par l'orifice qui se trouve dans le préau.<br />

(2.) Les annexes 64 et 65 du Livre Blanc donnent un récit fantaisiste de la mort des deux Prémontrés, car<br />

nous pensons pouvoir reconnaître les deux Pères en question dans « les deux hommes revêtus de vêtements de<br />

femmes et qui s'étaient enroulés dans des linges blancs *". Buchner et Ulbricht, soldats à la compagnie de<br />

mitrailleuses du régiment d'infanterie n° 102, qui venaient de Houx en longeant la Meuse, sont les auteurs du<br />

crime. Ils s'en vantent même et, <strong>pour</strong> justifier leur inqualifiable méfait, ils supposent que ces a deux francs-tireurs<br />

avaient voulu faire sauter le pont » et que, surpris par les Allemands, ils s'étaient servis de leurs armes ; puis,<br />

voyant leur retraite coupée, ils avaient cherché à s'enfuir à travers l'eau. C'est alors que les balles allemandes<br />

les avaient touchés!

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