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documents pour servir a l'histoire

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86<br />

M me Himmer et sa fille Isabelle. Elles sont accompagnées de la plupart des femmes<br />

et des enfants de leurs ouvriers qui s'étaient cachés dans les sous-sols de l'usine<br />

de Leffe. Les hommes avaient été mis à part « <strong>pour</strong> montrer leurs papiers » paraîtil.<br />

Hélas! cette explication voilait la sanglante réalité et les femmes de ce groupe<br />

qui entrèrent les dernières à l'Abbaye surent bien ce que les Allemands comptaient<br />

faire de leur mari, de leur père, de leurs garçons. Toutes les prisonnières n'avaient<br />

pas encore franchi la porte du cloître qu'une salve retentit et coucha par terre,<br />

près des victimes du matin, trente et un innocents!<br />

Alors aussi, nous vîmes arriver les femmes et les enfants qui s'étaient cachés<br />

dans la brasserie Nicaise et que les Allemands venaient de séparer des hommes.<br />

Ceux-ci, au nombre de trente — nous l'apprîmes plus tard — avaient été mis contre le<br />

mur du jardin Laurent, rue des Tanneries, et froidement exécutés, à l'exception de<br />

trois qui, miraculeusement, échappèrent à la mort.<br />

Le soir, il était bien 22 heures passées, la porte de l'Abbaye s'ouvrit encore<br />

<strong>pour</strong> livrer passage à un groupe de prisonnières de Devant-Bouvignes. M me Isidore<br />

Laffut entra la première, une lampe allumée à la main. Cette femme et ses<br />

compagnes venaient de voir assassiner les six hommes qui étaient avec elles.<br />

Un des crimes les plus odieux, accompli en cette matinée du 23 août,<br />

si féconde cependant en scènes de barbarie et d'inhumaine cruauté, fut<br />

l'assassinat de Victor Poncelet (41 ans), en présence de sa femme et de ses<br />

enfants (t). Le récit qu'on va en lire a été rédigé par M. l'avocat Eugène<br />

Poncelet, le frère de la victime, sous la dictée de l'infortunée veuve.<br />

N° 418. Les derniers jours de Victor Poncelet (fig. 61) furent consacrés à des œuvres de<br />

miséricorde corporelle, car du i5 au 2.3 août il se dépensa sans compter au service<br />

des blessés et à la sépulture des morts. Il soigna ainsi plusieurs soldats allemands<br />

tombés pendant la bataille du i5 ou dans les escarmouches des jours suivants.<br />

Le dimanche 2,3 août, au bruit du canon qui se fit entendre dès l'aube, Victor<br />

Poncelet, avec son épouse, ses sept enfants en bas âge — l'aîné avait 10 ans, le<br />

plus jeune 22 mois — et trois servantes, se réfugia dans une cave creusée dans le<br />

flanc de la montagne. Il s'y croyait à l'abri des projectiles, n'estimant pas avoir à<br />

redouter autre chose, lorsque se firent entendre des cris sauvages et des hurlements<br />

féroces. A ces bruits terrifiants succéda aussitôt le fracas de portes qu'on brisait<br />

et de fenêtres volant en éclats. Le doute n'était pas possible: l'ennemi envahissait la<br />

maison, et il n'y avait plus qu'un parti à prendre : la fuite.<br />

C'est ce que voulurent faire Victor Poncelet et les siens, mais à peine étaient"<br />

ils arrivés dans le jardin, qu'ils entendirent les balles siffler de tous côtés. Toute<br />

retraite étant coupée, il fallut se résigner à rentrer dans l'habitation (fig. 210, n° 3z)<br />

où bientôt des soldats, qui paraissaient sous l'empire du plus furieux délire, entourèrent<br />

(1) Victor Poncelet habitait rue de Leffe n° 43. Il s'occupait de dinanderies et avait, à l'instigation de<br />

quelques rénovateurs de cet art dinantais, ouvert un atelier d'où commençaient à sortir des objets exécutés avec<br />

art. Le grand chandelier pascal qui se trouve dans le chceur de la collégiale vient de là et il perpétuera son<br />

souvenir.

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