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documents pour servir a l'histoire

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1/2<br />

et son père Joseph Baudart, paralytique, et un autre voisin Jules Goffin. Les soldats<br />

ont lié tous les hommes à une même corde, sauf les deux infirmes, et puis nous<br />

ont fait descendre. Nous avons rencontré un premier cadavre. Ce devait probable^<br />

ment être celui de Jules Belot ; une dizaine de mètres plus loin, nous voyons celui<br />

du garde d'Herbuchenne, Joseph Jacquet; puis celui de Joseph Firmin et près de<br />

sa maison deux Allemands blessés. Plus bas encore, nous apercevons Joseph Marine,<br />

tué sur le seuil de sa porte.<br />

Des Allemands, qui se trouvaient au pied de la montagne, nous voyant arriver,<br />

tirent sur nous. Nous nous empressons, aussi bien nos gardiens que nous, de nous<br />

abriter derrière un mur en saillie. Malgré la rapidité du mouvement, mon frère<br />

Alexandre est blessé mortellement, et en même temps que lui un soldat allemand.<br />

Ma mère couche mon frère contre le mur et un soldat lui dit de déposer à côté du<br />

blessé la cruche de café qu'elle tenait en main. Il mourut quelques minutes après (t).<br />

Les hommes, toujours liés ensemble, sont conduits dans la direction de la<br />

prison. Nous passons devant l'hécatombe du mur Tschoffen. Nous ne pouvons en<br />

croire nos yeux. Mais nous sommes bien vite tirés de nos lugubres méditations<br />

par une fusillade nourrie qui nous accueille en face du garage Gilbart, Place<br />

d'Armes. Nous nous couchons par terre et c'est dans cette position que mon frère<br />

Auguste, atteint par une balle, est tué ; un soldat allemand l'est aussi. Sur ces<br />

entrefaites, les femmes étaient entrées dans la prison. Alors les trois survivants,<br />

après être parvenus à se délier, cherchèrent à se faufiler aussi dans la direction de<br />

la prison. De nouveau on tira sur nous, mais, abrités derrière les arbres de la<br />

Place, nous parvînmes à échapper. C'est alors que je vis Michat avec son enfant<br />

tuée dans les bras. Tous nous entrâmes dans la cour de la prison, d'où nous fûmes<br />

bientôt chassés <strong>pour</strong> prendre, les hommes du moins, le chemin de Cassel (2).<br />

*<br />

* *<br />

Vers xj heures, les soldats purent impunément dépasser la carrosserie<br />

Defoy et se rendre dans la direction du Rocher Bayard, car les<br />

Français avaient tous ou presque tous abandonné la défense du fleuve,<br />

et quelques Allemands avaient déjà passé la Meuse. C'est donc le<br />

moment de raconter un nouveau crime accompli froidement dans une<br />

des maisons des Rivages. Nous laissons la parole à René Schelbach<br />

C'est alors que le vieux Joseph Baudart (63 ans), soutenu par des Allemands, a été abandonné par eux.<br />

Il est entré dans le jardin, dont la porte est à côté de chez Wespîn. Il est tombé d'un mur parce qu'on a tiré<br />

sur lui, et est resté étendu blessé sur le fumier, où il a été retrouvé le vendredi. II n'a guère pu expliquer ce qui<br />

lui est arrivé. Il a été conduit chez les Sœurs de Charité, de là à l'hôpital, où il est mort.<br />

(2) Jules Goffin, dans sa déposition, dit qu'après avoir essuyé les premiers coups de feu et être resté<br />

couché près du garage Gilbart, il a vu arriver de la direction du Rocher Bayard un régiment allemand. Puis<br />

un peu plus tard, après la seconde fusillade, pendant qu'avec Michat ils se cachaient derrière les arbres, il vit<br />

arriver sur la Place quatre soldats français désarmés qu'accompagnaient deux Allemands. C'est peut-être la<br />

vue de ces prisonniers français qui a provoqué la panique parmi les Allemands quand ils ont crié : Die<br />

Franaosen !

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