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documents pour servir a l'histoire

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chocolat. La nuit suivante, Warnon partit à la recherche de vivres et nous revint<br />

avec du lard et de la bière.<br />

Enfin, ayant appris que les Allemands ne recherchaient plus les hommes, nous<br />

redescendîmes en ville le jeudi soir.<br />

Tout près de l'endroit où Nestor Trembloy passa la journée du<br />

mercredi avec ses deux compagnons, se déroula un drame, dont ils furent<br />

plus ou moins les témoins et que Narcisse Neuret rapporte du reste dans<br />

sa déposition. Laissons plutôt parler un témoin plus autorisé encore,<br />

Louis Godart :<br />

N° 467. Je n'avais pas été blessé à la fusillade du mur Tschoffen et, comme d'autres, je<br />

m'échappai à la faveur de l'obscurité par le garage Frankinet... Le lundi, dans le<br />

courant de la journée, je vis, aux environs d'Herbuchenne, Charles Guillaume-<br />

Alélot, un autre escape de la fusillade, mais blessé lui... Le mardi, nous étions<br />

dans le bois du « Fonds des Pèlerins » et nous nous proposions d'aller chez Hautot<br />

quérir un peu de nourriture, lorsque, en traversant la dernière pâture, qui nous<br />

séparait de la maison, nous vîmes deux soldats apparaître sur le seuil. Ils tirèrent.<br />

Guillaume fut tué. Je me laissai choir sur le gazon et me faufilai en rampant jusqu'au<br />

bois voisin. Les soldats s'élancèrent à ma <strong>pour</strong>suite. A l'orée du bois, ils déchargèrent<br />

leurs armes dans toutes les directions, mais je ne fus pas atteint. Le soir, je me<br />

rendis au château d'Hordenne, où je fus charitablement recueilli par le Baron de<br />

Bonhome. Je ne rentrai à Dinant que le samedi.<br />

Le « Supplice de M. Vigoureux », comme on a très justement appelé<br />

l'odyssée de cet escape (t), mérite d'être rapporté, tout au moins dans ses<br />

grandes lignes.<br />

N° 468. J e su is resté étendu au pied du mur Tschoffen environ deux heures. Tout contre<br />

moi M. Fernand Vilain agonisait. J'avais cinq blessures aux cuisses et aux<br />

jambes. Elles ne me faisaient pas beaucoup souffrir, mais il m'était impossible de me<br />

tenir debout. Je rampai le long des cadavres, et je m'arrêtai près de Pierre Wasseige<br />

qui, grièvement blessé en pleine poitrine, saignait en abondance et souffrait horriblement<br />

de la soif. A ce moment arrivèrent deux femmes : M me Albert Fabry et sa<br />

mère. Elles portaient précisément un pot de bière. J'en fis boire Pierre Wasseige.<br />

Tout près quelqu'un réclamait aussi à boire : c'était Eugène Bourguet. Comme il<br />

me tendait la main <strong>pour</strong> que je l'aide à s'asseoir, il se raidit et tomba à la renverse :<br />

il était mort. Le fils Wasseige également ne tarda pas à succomber.<br />

Je traversai alors la rue en rampant et j'entrai chez Frankinet. Je trouvai là Léon<br />

Gillet et Désiré Thianche étendus sur le parquet d'une chambre. Je m'assis à côté<br />

d'eux, mais je ne parvins pas à m'endormir, mes blessures commençant à me faire<br />

atrocement souffrir...<br />

(1) Dans « Le Cri des Martyrs. »<br />

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