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documents pour servir a l'histoire

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7»<br />

m'apercevant, eut un cri : « Ma femme ! » Ses gardiens lui permirent de s'arrêter,<br />

et il m'embrassa sans plus dire un mot. Ma fille Lucienne s'était pendue à son cou<br />

et ne voulait pas le lâcher; mais un Allemand vint le tirer par le bras, et on les<br />

fit sortir par la grande porte de l'Abbaye. Nous pensions qu'on les emmenait à la<br />

caserne ou à l'église de Leffe, où, depuis quelques heures, on rassemblait tous les<br />

hommes de la ville.<br />

Nous avons pu reconstituer la fin de ce drame, grâce au récit qu'en<br />

ont fait trois Prémontrés qui furent conduits avec les autres prisonniers<br />

et ne durent leur salut qu'à la présence d'esprit de l'un d'eux qui, Lorrain<br />

d'origine, possédait, bien qu'imparfaitement, la langue allemande.<br />

"Rapport du Frère Eugène.<br />

,0 . Le lundi après-midi, tous les religieux de l'Abbaye venaient d'être installés à<br />

l'école régimentaire, lorsqu'un soldat vint à la porte de la salle où nous étions<br />

détenus et en désigna trois qu'il conduisit dans la cour. C'étaient le P. Marcel,<br />

âgé de 60 ans, le frère Augustin, du même âge, et moi frère Eugène.<br />

On nous mena d'abord dans la propriété de M. Victor Henry, près de la maison<br />

qui brûlait, et là on nous fouilla : on nous enleva notre chapelet, notre crucifix et<br />

notre mouchoir. Conduits ensuite à l'Abbaye, le frère Augustin et moi, nous dûmes<br />

descendre au moyen d'une échelle, accompagnés de deux soldats, dans le ruisseau<br />

qui coule sous les bâtiments. Les soldats y trouvèrent un chaudron et forcèrent le<br />

frère Augustin à le porter. Une fois remonté, ce même frère fut obligé de se<br />

promener tout autour de l'usine de Leffe en feu, le chaudron en main, à la grande<br />

hilarité des soldats.<br />

A peine le frère Augustin nous est-il rendu, que tous trois nous sommes forcés<br />

de nous joindre à un groupe de prisonniers qu'on conduit dans le jardin de<br />

M. l'avocat Adam (fig. 214, n° 56), par la cour des Sœurs. Ces civils sont au<br />

nombre de huit : Camille Marchai, Georges Disy, Alphonse Thomas et Charles<br />

Carriaux, qui, tous les quatre, avaient été trouvés dans la maison d'Arthur<br />

Chariot, rue Camille Henry; Alexandre Jacquet et Henri Charlier qui avaient<br />

été pris dans un trou à charbon chez Victor Poncelet, enfin Armand Georges et<br />

Félicien Genot.<br />

Du haut du balcon de la maison Adam, un officier nous insultait et nous accusait<br />

d'avoir tiré sur les soldats. Je me mis à crier et à protester énergiquement<br />

contre de pareilles calomnies. L'officier me fit venir près de lui et, en sa présence,<br />

je continuai à affirmer notre innocence. Reconduit auprès de mes confrères, je vis<br />

Victor Coupienne, couché à terre, les mains couvertes de sang.<br />

Les soldats demandaient à grands cris notre mort. Ils se mirent alors à déshabiller<br />

le Père Marcel et le frère Augustin, et s'apprêtaient à me faire subir les<br />

mêmes avanies, lorsque je me débattis tant et si bien qu'ils s'écartèrent. Cependant,<br />

le moment fatal approchait et tous les prisonniers avaient déjà été rangés le long<br />

du ruisseau, lorsque, de son balcon, l'officier donna ordre d'écarter les trois religieux<br />

et de les reconduire à l'Abbaye.

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